La question du Sabbat

©2023-03-03 – Albert Leclercq – La question du sabbat –

Question du jour ?

« Je voudrais vous demander des enseignements sur le sabbat. Pourquoi a-t-on changé ce jour pour le mettre le dimanche alors que c’était le samedi ? »

Réponse :

La question du sabbat est un des thèmes qui marque la différence entre les deux plus grandes alliances dans la Bible. D’une part, l’Alliance de la Loi donnée à Moïse sur le Mont Sinaï et d’autre part, la Nouvelle Alliance offerte par l’œuvre de Jésus en mourant pour nous à la croix.

Chaque alliance est marquée (on pourrait dire scellée) par un rite, une demande, ainsi l’alliance avec Abraham fut scellée par la circoncision, celle de Moïse par le sabbat.

Le sabbat est donc vu comme le signe d’une Alliance en Ex. 31

Le respect du sabbat sera le signe de l’Alliance entre L’Eternel et son peuple, un témoignage que c’est bien Dieu qui sanctifie Israël. (Comme la circoncision qui était le signe de l’alliance faite avec Abraham).

Mais si la cessation (c’est le sens du mot sabbat) est bien au cœur du sens du sabbat, un élément important ne doit pas être occulté : l’homme n’est pas simplement appelé à pratiquer le sabbat, mais à le sanctifier. Il doit imiter son Dieu qui a cessé de travailler le 7e jour de la création.

Mais déjà dans l’Ancienne Alliance, Dieu envoie des prophètes pour parler à Israël d’une nouvelle Alliance, d’une Alliance qui sera éternelle et qui ne serait pas uniquement tournée vers le peuple d’Israël, mais vers toutes les nations de la terre. « Mais voici l’alliance que je ferai avec la maison d’Israël, après ces jours-là, dit l’Eternel : Je mettrai ma loi au dedans d’eux, je l’écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. » (Jér 31 :33)

Cette attente « messianique » est connue de tous. L’alliance faite avec Moïse n’est pas le sommet du plan de salut pour les hommes, quelque chose de « meilleur » nous attend. Ce qui a fait dire à un pasteur connu la phrase suivante : « Le sabbat évoque aussi une certaine incomplétude, comme s’il n’était qu’une étape dans le processus rédempteur. En effet, la participation au repos divin et à son culte, continuelle en Eden, et la libération de l’esclavage du travail pénible, conséquence de la Chute, ne sont vécues qu’un jour sur sept, et ne concernent qu’un peuple seulement. Le sabbat annonce et appelle donc un repos plus grand, plus complet, capable de restaurer, voire de dépasser, le repos perdu de l’Eden »

Le sabbat et la Nouvelle Alliance.

Une des questions qui revient souvent dans le récit des 4 évangélistes, c’est le rapport de Jésus avec le sabbat. Dans les évangiles et les Actes, le sabbat est essentiellement mentionné en rapport avec les Juifs, très peu dans les épîtres.

Si on considère l’enseignement de Jésus au sujet du sabbat, nous constatons qu’il est négatif : Jésus entreprend de « vider » le concept que ses contemporains avaient du sabbat plutôt qu’à le « remplir » d’un nouvel enseignement. Les juifs de son époque avaient placé la pratique du sabbat au-dessus des autres règles et les chefs menaient la chasse à tous ceux qui dérogeaient à la règle… et Jésus le premier. Leur aveuglement et leur orgueil vont être les obstacles qui les empêcheront d’entre dans le royaume de Dieu. Pire, ils deviendront les ennemis les plus acharnés du Fils de Dieu. C’est en effet suite à un miracle fait le jour du sabbat qu’ils parlent pour la première fois de la mettre à mort ! Terrible pour des hommes qui pensaient servir Dieu ?

La plupart des mentions du sabbat dans les Evangiles sont en lien avec une libération – de la maladie ou de l’emprise démoniaque – opérée par Jésus ce jour-là (Mc 1.21-28 ; 3.1-6 ; 6.1-6a ; Lc 13.10-17, 14.1-6, Jn 5.1-18, 9.1-41). Dans la majorité des cas, ces actes de puissance conduiront les autorités religieuses à dénoncer l’impiété du Christ transgressant, à leurs yeux, les lois sur le sabbat.

Le Sermon de Jésus sur la Montagne

Pour certains, ce sermon serait le grand résumé de l’enseignement de Jésus. Mais dans le sermon sur la montagne, Jésus ne mentionne jamais le sabbat. Ce qui a fait dire à certains que le sabbat mentionné dans les 10 commandements – le seul ayant une valeur morale différente, car en rapport direct avec le Créateur qui s’est reposé le 7e jour – n’a plus la même valeur que pour le peuple d’Israël. On sent qu’on est en train de passer d’une alliance à une autre. Si le sabbat reste, le Nouveau Testament en tirera surtout le sens spirituel dont il est porteur.

Le verset le plus marquant qui nous parle de la relation de Jésus avec le sabbat se trouve dans Marc 2. « De sorte que le Fils de l’homme est maître même du sabbat. Jésus entra de nouveau dans la synagogue. Il s’y trouvait un homme qui avait la main sèche. Ils observaient Jésus, pour voir s’il le guérirait le jour du sabbat : c’était afin de pouvoir l’accuser.» (Marc 2:28-3:2). Jésus proclame qu’il est plus important que le Sabbat. Il n’est pas venu abolir la loi, mais Il vient pour l’accomplir.

Comment cela se peut-il ? Le vrai repos de Dieu, celui où l’homme opère une « cessation » de tout ce qu’il a fait pour obtenir la grâce de Dieu ; ne peut se vivre qu’en lui. Lui seul peut vraiment donner le repos venant de Dieu. Il est le sabbat venant du ciel, il est le seul qui a accompli le sabbat demandé par Dieu, car il est doux et humble de cœur.

Par ses paroles, Jésus dénonce une fausse compréhension de la Loi. L’interprétation pharisienne avait fait du sabbat un commandement absolu, dépassant de loin la volonté première du divin législateur. Jésus ébranle cette construction humaine sans pour autant mettre en doute la validité du commandement.

Que les œuvres du royaume ne soient pas limitées par le commandement du sabbat, c’est ce que Jésus dit clairement en Jean 5, lorsqu’il affirme face aux accusations d’avoir guéri un jour de sabbat : « Mon Père agit jusqu’à présent ; moi aussi, j’agis » (Jn 5.17). Le Fils peut travailler un jour de sabbat, car son travail est en fait celui de son Père.

On retrouve là la notion d’accomplissement de Mt 5.17. Mais Jean va encore plus loin : Jésus ne se contente pas d’accomplir les institutions qui l’ont précédé et annoncé, mais, dans un certain sens, il les remplace. Ainsi, il est le vrai temple (2.21), le véritable Israël (15.1), il incarne les fêtes, etc. D’où la traduction du avnti, en Jean 1 que choisissent certains : « Nous avons tous reçu de sa plénitude, et une grâce à la place (avnti,) d’une grâce. En effet, la Loi a été donnée par Moïse, mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ » (Jn 1 :16-17). Christ viendrait donc remplacer la loi. En suivant cette lecture, c’est Jésus lui-même qui remplacerait le sabbat

Le Nouveau Testament

Dans le reste du Nouveau Testament, le terme « sabbat » est cité seulement 2 fois (Col 2:16 et Hé 4:4) pour indiquer sa signification spirituelle et typologique. Ces 2 passages ne disent pas que nous devions l’observer, mais y voir une image du repos de la foi que nous avons en Christ.

Lors de la grande dispute d’Actes 15, la question fut de savoir s’il fallait demander aux païens venus à la foi s’ils devaient pratiquer toute la loi, le sabbat compris.

« Quelques hommes, venus de la Judée, enseignaient les frères, en disant: Si vous n’êtes circoncis selon le rite de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. » (Act 15.1). A la fin du premier concile, c’est par la bouche de l’apôtre Jacques que la décision tombe : « Car il a paru bon au Saint-Esprit et à nous de ne vous imposer d’autre charge que ce qui est nécessaire, savoir, de vous abstenir des viandes sacrifiées aux idoles, du sang, des animaux étouffés, et de l’impudicité, choses contre lesquelles vous vous trouverez bien de vous tenir en garde. Adieu. » (28-29). Aucune mention n’est faite sur la mise en pratique de la loi, et encore moins du sabbat.

Chez Paul

Le plus étonnant est de lire ce qu’en dit l’apôtre Paul. Car si c ‘était un sujet important, il a quelque chose à nous dire. Sa première allusion vient dans ce passage : « Vous observez les jours, les mois, les temps et les années ! Je crains d’avoir inutilement travaillé pour vous. » (Gal 4 :10-11). Il signale que ceux qui observent certains jours et font une différence avec d’autres n’ont pas compris le message de Jésus. La pratique du sabbat ne faisait pas partie de la proclamation de foi (le Kérygme) de la première église. Et voici le seul passage où Paul en parle directement :

«  Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune, ou des sabbats: c’était l’ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ. » (Col 2 :16). Doit-on comprendre ce passage comme la fin d’un statut lié à la loi et non à la grâce ? Oui, semble-t-il, car pour Paul, le sabbat trouve son plein accomplissement en Christ qui est la réalité, le corps de toutes les règles de l’ancienne alliance. Le sabbat, important dans l’histoire du peuple juif, est ici remis à sa place. Il est l’ombre d’une réalité qui se révèle pleinement en Christ. Jésus notre sabbat !

Le deuxième passage du Nouveau Testament où l’on en parle se trouve dans Héb 4. « Il y a donc un repos de sabbat réservé au peuple de Dieu. Car celui qui entre dans le repos de Dieu se repose de ses œuvres, comme Dieu s’est reposé des siennes. » (Héb 4 :9-10). Une étude détaillée de ce passage, nous indique que le véritable repos dont Dieu veut nous parler ; c’est le repos de nos œuvres humaines pour obtenir la grâce de Dieu. Là encore, on ne trouve pas de commandement de pratiquer le sabbat, mais l’invitation à entrer dans le repos qui se trouve en Jésus, tous les jours de la semaine.

En conclusion : les chrétiens ont choisi le premier jour de la semaine, le jour de la résurrection de notre Seigneur pour se retrouver et lui apporter le culte divin. Certains groupes juifs sont restés attaché à la pratique du samedi, mais le dimanche s’est imposé dans toutes les grandes familles d’église.

Depuis quelques temps, sous la poussée des adventistes, des messianiques et d’autres mouvements douteux, les discussions sur ce thème reviennent avec la tentation de montrer que l’église s’est trompée et qu’il faut revenir sur la pratique de l’Ancien Testament.

Soyons sage, et ne pensons pas que nous soyons les premiers à réfléchir sur cette question. Ce n’est pas simplement un changement de jour, c’est un changement d’Alliance et Jésus est le seul qui a accompli toute la loi.

Vivons le repos du sabbat en nous confiant en Lui et cela tous les jours de notre vie !


©2023-03-03 – Albert Leclercq – La question du sabbat –

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