La volonté de Dieu et l’Église

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© Oméga France n°22 – Volonté de Dieu

VOLONTÉ DE DIEU ET PLAN DE DIEU

Nous sommes chrétiens, et nous voulons faire la volonté de Dieu. Mais qu’est-ce que Dieu veut que nous fassions de notre vie ?

Nous passons beaucoup de temps à chercher une réponse à cette question personnelle. Nous prions. Nous jeûnons. Nous lisons des livres sur le sujet. Nous attendons des révélations.

La recherche du plan de Dieu pour nos vies est certainement une bonne chose. Mais il faut aller plus loin.

Nous nous préoccupons individuellement de faire la volonté de Dieu ? C’est bien. Mais nous ne sommes pas seuls. Notre réponse à l’appel de Dieu a fait de nous des membres d’un Corps spirituel qui est l’Eglise.

Ce Corps et les différents groupements d’églises qui en sont la manifestation visible ont aussi un besoin vital d’être conduits dans le plan de Dieu.

Comment la volonté de Dieu pour l’ensemble sera-t-elle discernée et ensuite mise en œuvre ?

Nous comptons sur la révélation apportée par le Saint Esprit. Elle nous est promise par notre Seigneur. Mais nous savons bien que l’Esprit utilise des hommes pour se manifester dans notre monde.

Nous touchons à un problème de structure qui dépasse le cadre de notre marche personnelle et qui nous introduit dans une dimension passionnante de l’œuvre de Dieu dans notre monde : l’Eglise.

Jacques GIoaguen


CEUX QUI DIRIGENT L’ÉGLISE

© I. Howells

Là où il y a quelqu’un qui dirige, il y a logiquement des personnes qui sont dirigées. En fait, l’Eglise primitive a commencé à s’organiser quand elle a dû faire face au nombre croissant des disciples qui avaient besoin d’être dirigés

Dans le Nouveau Testament on voit clairement qu’il y a dans l’Église ceux dont la charge est de diriger et ceux dont le devoir est d’obéir. Il y a toujours dans une assemblée des responsables qui doivent diriger, orienter et prendre soin des fidèles. La première lettre aux Thessaloniciens, la plus ancienne des lettres de Paul que nous connaissions, parle déjà de ministres responsables au sein de la communauté.

  • La véritable direction

Une véritable direction comprend d’une part l’exercice d’une autorité et d’autre part la soumission à cette autorité. Un tel comportement est décrit ainsi : « Obéissez à vos conducteurs et soyez-leur soumis. Car ils veillent au bien de vos âmes, dont ils devront rendre compte. Faites-en sorte qu’ils puissent le faire avec joie et non en gémissant, ce qui ne serait pas à votre avantage »  (Héb 13.17)

Le terme obéir dans ce texte a une signification très intéressante qu’il vaudrait la peine d’approfondir pour mieux comprendre la nature de l’autorité selon la Bible. Ce seul verset, il suffirait pour établir la nécessité d’une direction et d’une soumission dans l’église. Mais ce n’est pas le seul passage qui en parle.

Le Nouveau Testament mentionne encore des dons particuliers de gouverner ou de « pilotage » comme on peut traduire le terme gouverner dans 1 Cor 12.28.

Paul donne ces instructions à Timothée : «  Que les anciens qui président bien soient jugés dignes d’un double honneur »  (1 Tim 2.17)

Le terme utilisé dans le texte grec pour dire « président » vient du verbe Proistemi qui signifie : être chef, régner, prendre soin. Ce même mot est traduit par « diriger » dans 1 Tim 3.12 et dans 1 Tim 3.5 où nous lisons : « Car si quelqu’un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’Église de Dieu ? »

L’apôtre emploie encore le même mot quand il invite ses lecteurs à : « …avoir de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous, qui vous dirigent dans le Seigneur et qui vous avertissent » (1 Thes 5.12)

Il est donc évident que les anciens qui « président » bien comme ceux qui « dirigent dans le Seigneur » sont des hommes qui ont été appelés à diriger l’église et qui le font de manière juste.

  • Tous ne sont pas conducteurs

Nous sommes convaincus de la réalité du ministère de chaque membre. L’église ne peut fonctionner comme un corps que lorsque chaque membre est rendu capable, par des dons accordés par Christ, d’exercer son propre ministère (Eph 4.11-12) et qu’il l’exerce selon la grâce que Dieu donne (Rm 12.6)

La diaconie (ou service) de chacun des membres est un principe fondamental dans l’édification du Corps de Christ. II est amplement illustré par 1 Cor 14.

Ceci dit, nous devons ajouter qu’outre le ministère général des croyants, il y a dans l’église des ministères spécifiques donnés par Christ à certains croyants et c’est pourquoi il existe une variété de ministères : apôtre, prophète, évangéliste, pasteur, docteur, ancien, diacre, que Christ a établis pour diriger et pour édifier son église. Autrement dit, il y a parmi les membres de l’église une diversité de rôles, chacun ayant son domaine d’activité propre, petit ou grand Mais dans l’église, certains dons ont été conférés en vue de fonctions plus particulières.

En résumé, on peut dire que tous les membres participent au ministère de l’église (Eph 4.16) mais que tous ne sont pas des dirigeants (Heb 13.17).

Ainsi, l’épître aux Hébreux fait une distinction en invitant ses lecteurs à saluer : « Tous vos conducteurs et tous les saints » (Héb 13.24)

On remarque que cette lettre aux Hébreux, qui met l’accent sur le sacerdoce de tous les croyants, parle aussi d’hommes qui conduisent les croyants.

Ceci montre clairement que la présence d’une direction dans l’église ne s’oppose pas au principe du sacerdoce de tous les croyants, comme certains le pensent, mais qu’au contraire, sans la présence des ministres, les croyants perdraient un guide essentiel pour l’exercice de leur activité et leurs fonctions.

Ceci devient encore plus clair quand nous nous rendons compte que les conducteurs ne sont pas appelés à commander mais à diriger, invitant les croyants à les suivre, alors qu’eux-mêmes se soumettent à la Parole de Dieu qui est leur autorité absolue.

  •  Hiérarchie ?

Qu’il soit bien clair pourtant qu’une telle distinction entre les conducteurs et les saints ne crée pas une différence hiérarchique, chose que l’on doit à tout prix éviter dans l’église. Elle souligne seulement que certains ont pour tâche de diriger l’église. Ce n’est pas étonnant. Toute société a besoin d’être dirigée. La direction doit être entre les mains d’un groupe dans lequel il est nécessaire d’avoir un conducteur ou président qui est un « primus inter pares » : un parmi des égaux.

La même chose s’applique à l’église. Elle a besoin d’une direction et ne doit pas tomber dans ce pseudo­mysticisme qui amène certains à contester toute autorité humaine et à affirmer que, d’une manière qui reste floue, Christ est leur unique pasteur. C’est certainement vrai que la source de toute autorité c’est Christ, le chef suprême de l’église Mais c’est aussi vrai que celui qui est devenu homme dirige son église par des hommes choisis et établis par lui. Rejeter une telle direction confiée à des hommes est une forme de rébellion spirituelle. Celui qui reconnaît Christ comme son chef se soumet aux ministères qu’il a établis.

  • Soumission collégiale

Il faut encore ajouter que le même esprit de soumission doit exister entre les ministères eux- mêmes, car c’est alors seulement que peut se réaliser une vraie collégialité. Parmi eux, il ne doit pas y avoir de méfiance Parmi eux, il ne doit pas y avoir de place pour des hommes qui voudraient continuellement imposer leurs idées Parmi eux, il doit y avoir une humble collaboration pour faire toute la volonté de Dieu. Celui qui n’est pas prêt à être dirigé n’a pas le droit de diriger

  •  Responsabilité

La soumission que l’Écriture demande des fidèles à leurs conducteurs est mise en relation avec les responsabilités de ces derniers : « Ils veillent au bien de vos âmes dont ils devront rendre compte » (Heb 13.17)

Tout serviteur de Dieu est conscient de cette responsabilité.

Probablement une des raisons pour lesquelles le Christ glorifié adresse dans l’Apocalypse ses lettres à l’ange de chacune des églises (Apoc 2-3) et non directement aux églises elles-mêmes, c’est que cet ange a la responsabilité de la communauté. On a donné diverses explications de ces anges, mais selon une opinion très répandue, il s’agit de la personne responsable de l’église. Le message ainsi adressé devra être ensuite transmis à la communauté, mais le Saint Esprit passe par le responsable. Alors que Paul adresse ses lettres directement aux chrétiens des communautés, Christ, le chef de l’église, passe par les pasteurs qu’il a établis. Pourquoi ? Parce qu’il les rend responsables de l’état dans lequel se trouve l’église.

Ceci met en lumière un autre aspect de la direction : la responsabilité que les serviteurs de Dieu ont envers l’église. Le terme qui met cet aspect en relief est encore le verbe grec Proistemi. Il se trouve dans le verset qui dit : « Celui qui préside (le fasse) avec zèle » (Rm 12.8)

Ainsi la direction de l’église ne signifie pas seulement l’exercice d’une autorité mais, comme le savent bien les authentiques conducteurs, elle est aussi une responsabilité, un service, une souffrance. Elle ne consiste pas à s’imposer mais à servir humblement les croyants dans le nom de Jésus.


Un exemple de direction de l’église

ACTES 15 © Jacques Gloaguen

Ce qui s’est passé lors d’une crise qui a failli diviser l’église primitive nous permet de voir comment s’exerçait la direction de l’église dans ces premiers temps. Il s’agit de la manière dont a été dénouée la crise provoquée par l’entrée des païens d’origine dans l’église à la suite du premier voyage missionnaire de Paul et Barnabas. Cela nous montre aussi comment on peut découvrir aujourd’hui la volonté de Dieu pour l’ensemble

 1 – Le problème

Des chrétiens d’origine juive étaient entrés en contact à Antioche avec des convertis d’origine païenne et qui n’étaient donc pas circoncis. Ils leur avaient dit que l’observation de la loi de Moïse était nécessaire au salut, qu’il fallait passer par le judaïsme pour entrer dans le christianisme, devenir juif pour pouvoir devenir chrétien.

Paul et Barnabas s’opposèrent fortement à cet enseignement qui ruinait le fondement du salut par la foi et il y eut à Antioche un vif débat et une violente discussion (2). Derrière l’expression utilisée par le livre des Actes, nous devinons une forte dispute et un grand trouble dans l’église.

Paul et Barnabas décidèrent de se rendre à Jérusalem vers les apôtres et les anciens pour en discuter (3) car le problème risquait d’ébranler leur récent travail missionnaire.

2 – Les protagonistes réunis

Les apôtres et les anciens se réunirent pour examiner l’affaire avec Paul et Barnabas. Les apôtres parce qu’ils étaient responsables de l’église en général, les anciens parce que les gens qui répandaient les doctrines en question venaient de la Judée (1)

La rencontre et la discussion des personnes concernées sont nécessaires. On ne peut résoudre aucun problème sans cela.

3 – La discussion

Les frères se réunirent avec la volonté de trouver une solution juste à ce grave problème qui menaçait l’unité de l’Eglise. Cette unité était très importante à leurs yeux.

Ils avaient foi en Jésus-Christ et ils se sentaient frères, mais cela ne les empêchait pas d’exprimer leur avis, vivement mais avec amour.

Les frères pharisiens d’origine exposèrent leur opinion (5). Une vive discussion s’ensuivit. Pierre parla et on l’écouta (7). Barnabas et Paul parlèrent et on les écouta en silence (12). Jacques parla et on l’écouta (13).

Dans la recherche de la volonté de Dieu pour un ensemble, il est très important d’écouter tout le monde. C’est nécessaire parce que nous ne connaissons qu’en partie et que l’aspect du problème que l’un a vu n’est souvent pas le même que celui que l’autre a discerné. Il faut l’admettre si nous voulons pouvoir comprendre le tout.

4 – L’intervention du Saint Esprit

Derrière ces différentes péripéties et les décisions qui en ont résulté, les apôtres, les anciens et l’église entière (22) ont unanimement reconnu l’action du Saint Esprit (28)

C’était une manifestation spirituelle de la parole de sagesse par Pierre qui raconta comment le Seigneur l’avait conduit vers les païens (7) et par Jacques qui résuma la situation (19)

Il faut rester ouvert pour discerner ces interventions de Dieu et ne pas se contenter d’y voir l’expression d’une opinion partisane.

5 – L’information de l’église

Ce qui a été décidé a été rendu public dans les églises, au moyen d’une lettre qui a été portée et confirmée par deux messagers (23)

Même si la décision doit être prise à un niveau général, il faut que les personnes concernées soient mises au courant de ce qui est décidé.

Nous avons dans cet événement les ingrédients qui ont permis à l’église de prendre la bonne décision dans un problème précis : la rencontre des personnes concernées ; la mise en commun des opinions même divergentes et leur libre expression respectueuse ; la reconnaissance de l’Esprit qui parle par des hommes différents ; l’information de toutes les églises

Jacques GIoaguen


 

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