L’entrée de Jésus à Jérusalem

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© Albert Leclercq message de ce 24 mars à la RTBF : L’ENTRÉE DE JÉSUS À JÉRUSALEM

Bonsoir à chacun, le passage choisit pour ce soir a pour but de nous préparer à fêter Pâques en nous référant aux textes bibliques. Certaines familles ont encore cette habitude de suivre cette semaine de la passion en lisant chaque jour un passage correspondant à ce qui s’est passé, il y a 2000 ans à Jérusalem.

Le passage de ce jour nous relate l’entrée de Jésus à Jérusalem. Cette entrée se fait dans un contexte tendu, car Jésus a plutôt exercé son ministère de proclamation de la Bonne Nouvelle dans la province située au Nord du pays : la Galilée. Il a toujours évité d’être trop visible dans la grande capitale : le centre religieux et politique du pays.

Mais le temps est venu pour lui d’aller à Jérusalem et de confronter le pouvoir religieux de l’époque par deux grands faits majeurs. Le premier a lieu la semaine précédente : Jésus s’était rendu à Béthanie à quelques kilomètres de la capitale de la Judée et avait opéré l’un de ses plus grands miracles : en ressuscitant Lazare des morts. La tension était déjà montée d’un cran, car beaucoup d’habitants de Jérusalem avaient entendu parler de ce grand miracle et le reconnaissait comme le Messie. Les pharisiens et ceux qui gouvernaient le peuple ne pouvaient pas empêcher le peuple à s’attacher à l’espoir que Jésus représentait et ceux-ci avaient peur, peur de perdre leur position, peur des représailles des Romains. Jésus avait frappé très fort. Certains ont même supposer que Lazare devait se trouver parmi la foule des disciples qui accompagnaient Jésus pour entrer à Jérusalem.

Et ce jour-là Jésus choisit de frapper encore plus fort. Il entre à Jérusalem dans les acclamations et les cris d’une foule qui crie ses louanges : les gens mettent leurs manteaux et des branches sur le chemin comme on le faisait lors de l’entrée d’une grande personnalité dans la ville du Roi David. Mais Jésus ne choisit pas de rentrer sur le dos d’un cheval, qui était vu comme un animal de guerre. Il choisit de rentrer sur un ânon qui n’a jamais servit et dont les pas étaient bien tremblants. Ce fait a marqué les disciples et leur rappelle que Jésus n’est pas un Roi comme les autres.

Et dès ce moment, on entre en plein dans le suspense et le paradoxe de ce passage. L’âne remplace le cheval, la joie de ce jour sera remplacée par les cris de haine de la semaine suivante, l’attente messianique d’un Roi conquérant sera remplacée par la tristesse d’une foule au pieds de la croix, l’ambition secrète de beaucoup de ceux qui suivaient Jésus sera remplacée par le désenchantement d’une tombe fermée et gardée par des soldats. Deux forces s’affrontent ! Celles du bien et du mal ! Celles de l’amour et de la grâce face à la tradition et de la loi ! Celui qui proclame être la résurrection et la vie fait face à la mort ! C’est tout cela qui se joue en cette journée et nous connaissons déjà la fin du récit contrairement aux disciples.

Jésus ne peut plus faire demi-tour ! Il monte sur l’âne, le temps est venu pour lui de nous aimer jusqu’à donner sa vie pour nous !

Hello, y a-t-il un disciple qui comprend ce qui se passe ici ?

Pour aller plus loin, on peut aussi dire que ce passage est comme une animation en 3D, où l’on trouve ici trois grands axes, celui du passé, celui du présent et celui de l’avenir. Prenons d’abord le passé. Celui-ci va nous expliquer un peu ce qui se passe, et aurait aidé les disciples à mieux comprendre ce qu’ils vivaient.

On retrouve des allusions à cet aspect du passé par les nombreuses références aux textes de l’ancien Testament. C’est déjà dans le livre du prophète Zacharie 9:9, qu’on trouve ce texte qui dit : « Réjouis-toi, fille de Sion ! Lance des acclamations, fille de Jérusalem! Voici ton Roi qui vient à toi; il est juste et victorieux, il est humble et monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse. »  Rappelons-nous que ces petits détails sont là parce que Jésus est venu accomplir ces textes de l’ancienne alliance. Il y a aussi ce texte des Psaumes qu’on retrouve dans la bouche des disciples et des enfants : Psaume 118:26  « Béni soit celui qui vient au nom de l’Éternel ! » Jésus est bel et bien le Roi que les Juifs attendaient (c’est d’ailleurs le motif de condamnation que Pilate inscrira sur le panneau que Jésus allait porter dans les rues de Jérusalem et qu’on accrochera sur la croix). C’est donc bien cela la confrontation. Le Règne de Dieu s’oppose à tout autre façon de régner sur les hommes, sur tout pouvoir politique ou religieux.

Le deuxième axe est celui du présent, dans toute son ambiguïté. Le Roi est assis sur un ânon, le Messie attendu ne va pas répondre aux attentes immédiates des gens de la foule. Ils veulent un puissant libérateur, une sorte de Super Héros du premier siècle, mais le but de Jésus n’est pas de libérer le présent seulement, sa dimension doit être comprise dans sa globalité, dans le plan éternel de Dieu pour une humanité qui s’est enfoncé dans le péché et s’est éloigné de Dieu. Le seul moyen de libérer cette humanité est d’offrir sa vie sur la croix pour expier le péché des hommes et les délivrer du pouvoir que le diable avait sur eux !

Le troisième axe est celui du futur. Futur proche d’abord ! Jésus sait que c’est une semaine très difficile qu’il va devoir affronter. Les cris d’acclamations ne lui font pas perdre de vue qu’il est venu pour un autre but comme le dit Héb 10.7« Je viens moi-même à toi, ô Dieu, pour faire ta volonté,» ! Dans quelques jours il sera sur la croix et mourra pour chacun de nous, afin que tous ceux qui croient en lui reçoivent la vie éternelle ! Mais le chemin n’est pas encore parcouru. Il n’a pas encore bu la coupe jusqu’au bout.

Dans ce troisième axe, il y a aussi le futur lointain, où le Roi reviendra pour instaurer son règne de paix et de justice. C’est la promesse de son retour sur terre à la fin des temps. En entrant à Jérusalem, le Messie annonce qu’il reviendra, il prendra le même chemin mais cette fois-ci comme le Roi triomphant. Mais ce n’est pas encore son heure.

Alors, que dire de ce texte ? Comment l’appliquer de nos jours ? Il me semble qu’on peut facilement déduire trois choses que le peuple de Dieu peut mettre en pratique aujourd’hui.

La première chose que Dieu attend de nous est que nous préparions le chemin du Seigneur, que nous puissions le reconnaître comme le Roi et être prêt à mettre nos « ânes », ou nos vies à sa disposition. « Le Seigneur en a besoin » dit le texte du jour : cette simple phrase en dit long sur notre disposition de cœur à son service.

La deuxième chose que Dieu attend de nous est d’être un peuple qui l’acclame et le loue, non pas pour recevoir des bénéfices, mais pour proclamer qu’il est Dieu parmi nous ; le Seigneur de toute la création et le Sauveur de nos vies. Proclamons sa victoire sur le péché et sur la mort ! Dieu attend nos louanges d’un cœur sincère et fidèle, c’est pour cela que l’hymnologie protestante est à la foi joyeuse et solennelle.

Et la troisième et dernière chose que Dieu nous demande, c’est de nous tenir prêt pour son retour en citant cette prière : « Que ton règne vienne », ou comme le dit l’Apocalypse : « L’épouse et l’Esprit disent : « Viens Seigneur Jésus, vient ».

Que chacun de nous, nous puissions vivre cette semaine de la Passion comme un rappel du grand sacrifice d’amour que Jésus a offert sur la croix ; de son pardon inconditionnel qui en découle et de sa victoire totale sur la mort le dimanche de Pâques.

Que nos cœurs soient fortifiés par sa grâce et sa puissance.

Bonne semaine


 

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