Les fondements du Christianisme

Fondements 'Israel-04-2019-050©juin 1998 – Charles Edouard Peter-Contesse – Les fondements du christianisme –

Introduction

Il est inquiétant de voir tant de personnes se tourner vers le Seigneur pour se retrouver désemparées quand diverses épreuves se présentent à elles.

Certaines vont même jusqu’à mettre en doute leur foi et leur conversion, voire la Parole de Dieu. « J’ai été élevé dans une famille chrétienne » ; « j’ai essayé mais ça n’a pas marché » ; « j’ai vu tant d’hypocrisie dans les églises » ; on pourrait multiplier les réponses et les excuses entendues si on cherche une explication à leur désaffection.

Il est vrai que Jésus a dit qu’une partie de la semence tomberait dans des terrains qui ne produiraient pas de fruit. Est-ce cependant suffisant pour ne pas se poser de question quant au fondement sur lequel la foi de ces gens a été édifiée, ou encore : quel fondement avons-nous donné à ces personnes ? Leur avons-nous seulement donné un fondement ?

Cherchant dans le Nouveau Testament, nous trouvons plusieurs mentions de ce terme. Il paraît possible de regrouper ces passages en sept chapitres que nous nous proposons d’examiner ici.

Trois chapitres concernent la vie du croyant :

  • l’espérance
  • la seigneurie de Jésus-Christ
  • la puissance de Dieu

Trois chapitres traitent de l’église :

  • la construction de l’église locale
  • la direction de l’Église
  • la doctrine de l’Église

Enfin un chapitre traite de l’élection divine.

  1. L’espérance comme fondement

Dans Col 1.5 et Tt 12, Paul écrit que la foi est fondée sur l’espérance.

1. Il est surprenant de rassembler les textes concernant l’espérance en rapport avec le salut :

  • Ac 23.6 ; 26.7 ; 28.20, c’est à cause de l’espérance que Paul est jugé.
  • Ro 8.24, c’est en espérance que nous avons été sauvés .
  • Ga 5.5, «l’Esprit dépose en nous l’espérance de la justice,
  • Ep 1.18, il faut une révélation pour connaître l’espérance de l’appel de Dieu.
  • Col 1.23, il ne faut pas être emporté loin de l’espérance.
  • Col 1.27, Jésus en nous l’espérance de la gloire.
  • 1 Tm 1.1, Jésus-Christ, notre espérance.
  • Tt 3.7, par la foi nous recevons la vie éternelle que nous espérons.
  • Hb 3.6, il faut retenir l’espérance.
  • Hb 6.11, il faut montrer de l’empressement en espérance.
  • Hb 6.18, notre seul refuge a été de saisir l’espérance.
  • Hb 10.23, il ne faut pas fléchir en espérance.
  • 1 Pi 1.3, Dieu nous a régénérés par une espérance vivante.
  • 1 Pi 3.15, témoigner, c’est rendre compte de l’espérance.

 

2.  Les textes de départ nous disent que l’évangile est une proclamation d’espérance, une affirmation que ce qui était « promis dans les temps anciens » (Ge 3.15), est maintenant réalité spirituelle.

Promis dans les « temps anciens », le salut est réalité spirituelle dans « les derniers temps » et nous attendons l’accomplissement matériel dans « un temps de renouvellement de toutes choses », où tout sera transformé, totalement différent : plus de mort, plus de douleur ! (Mt 19.28 ; 1 Co 15.54).

L’espérance du début est réalisée : le Messie est venu. Mais elle se voit en même temps repoussée : le royaume définitif est encore à venir.

1.3       L’espérance est une nécessité humaine. L’animal n’en a pas. Il apprend tout juste des comportements de survie (tel geste lui vaut telle récompense). Il subit un dressage. Cela peut à la limite, se retrouver chez l’homme, qui apprend que « semailles » signifie « moisson ». Encore faudrait-il prouver qu’il s’agit d’un dressage et non d’une déduction logique, mais même si cela est prouvé, la différence réside dans le fait que l’homme, en plus de savoir que ses actes ont des conséquences, pressent qu’ils appellent un jugement. Ses actes ont une portée, un sens, une durée ; c’est ça, sa vie (§ Ec 3).

Pourtant l’irruption brusque, parfois arbitraire, de la mort, arrête le déroulement de son existence terrestre. Celle-ci, serrée entre la naissance et la mort, lui paraît trop étriquée. Pour ce qui est avant (l’élection) et après (le jugement), l’être humain doit « espérer en Dieu ». Cette expression se retrouve des dizaines de fois dans les Psaumes, entre autres.

« Espérer en Dieu », c’est se confier en Celui qui nous a choisis et qui nous jugera.

(Remarquons que les temps actuels nous montrent à quel point les humains recherchent la sécurité concernant leur passé et leur avenir dans les thèmes astraux, la réincarnation, et les cultes de toutes sortes).

1.4 La main de Dieu sur notre vie actuelle est imprécise. Nous ne savons pas clairement ce qu’elle nous veut. Cyrus, David, Jérémie, Paul, nous en dévoilent certaines réalités, avec plus ou moins de précision, mais très rassurantes : je te connaissais avant ta naissance. Tes jours étaient inscrits. Je t’ai choisi pour telle œuvre précise. Espérer en Dieu, c’est savoir que ma vie n’est pas abandonnée au hasard des forces invisibles et imprévisibles de notre monde. Dieu est bon avant le début de notre vie consciente.

Un autre aspect de l’espérance, concerne l’avenir. Ma vie consciente sur terre oriente ma vie future. Il y a continuité, bien que cette continuité soit cassée par la mort physique. Je n’entrerai pas dans un état inconscient, mais dans un état dont je n’ai pas conscience actuellement. La mort est un épouvantement (Jb 18.14). La Bible m’appelle à espérer en Dieu, en sa justice (Gai 5.5 ; Hb 6.18 ; Tit 3.7).

D’une manière très concrète, l’homme espère être enterré dans la terre de ses pères. Un des pires châtiments était de le déporter loin de son pays pour y mourir, de lui dire que ses os seraient dispersés, déterrés ou brûlés (Ez 37). A cause de cette espérance, de nombreux Juifs se font transporter et ensevelir à Jérusalem, lieu où ils espèrent résider éternellement (cf Jér 8.1-3 et la suite, « se relever »).

Jésus est venu. Il a été enterré dans le sépulcre des « méchants » (Es 53.9), portant dans sa chair la terreur d’une vie sans espérance. Il enlève la peur de la mort (Hb 2.15). Et comme il ressuscite, il remet à plus tard, pour ce qui nous concerne, la réalisation de l’espérance (1 Co 15.20-23)?

Celui qui est sans Dieu, est « sans espérance dans le monde » (Eph 2.12) et celui qui accueille le message de Dieu voit son espérance réalisée et renouvelée (Ac 2.26).

  • Pourquoi l’espérance est-elle si importante ?

A. Elle nous enseigne que la valeur durable d’une chose est dans son achèvement et pas dans son début, ni dans son déroulement (Ec 7.8)

  • Za 4.9 La main de Zorobabel a fondé cette maison… et l’achèvera
  • Jn 4.34 Ma nourriture est… d’achever l’oeuvre de celui qui m’a envoyé
  • Jn 17.4 J’ai achevé l’oeuvre que tu m’a donnée à faire
  • Jn 19.30 Tout est accompli
  • Ac 20.24 Pourvu que j’accomplisse ma course et le ministère…
  • 2Tm 4.7 J’ai combattu… j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi
  • Luc 2.66 Qu’adviendra-t-il de cet enfant ? Né parfait, il mourra parfait (Jn
  • 5)

B. Elle stimule notre engagement, notre fidélité.

Israël allait vers le pays promis. Toute son existence fut une tension entre la « sortie” d’Egypte et la « promesse » de Canaan. Quand la force de la promesse faiblit, la tentation de retourner en arrière se fait jour.

C. Elle nous enseigne que notre réalité matérielle ici-bas, bien que devant être gérée avec sagesse et sérieux, n’est pas digne de l’intérêt que la plupart y porte. Les circonstances difficiles ne doivent pas nous éloigner de l’essentiel (Ro 8.35-39), elles doivent au contraire stimuler notre espérance (Ro 5.1-5 ; 2 Co 4.17-18). Elles doivent nous inciter à sonder les Écritures (Ro 15.4).

L’espérance est une ancre fixée inébranlablement dans le terrain solide des promesses de Dieu. Si nous sommes ballotés au bout de la corde, sur la mer de notre monde impétueux, sachons consolider notre foi, la corde, assurés que l’ancre ne cédera pas (6 Ps 42.4, 10.12).

1.6 Qu’opère l’espérance en nous ?

A. Elle nous libère ou nous rend inébranlables (2 Co 3.12). Avoir une espérance fondée bibliquement (pas celle des Mormons, T.J. ou réincarnation), c’est être ferme dans la traversée périlleuse de notre existence, face aux mépris, accusations, persécutions.

B. Elle nous met au travail dans la « vigne » du Seigneur.

  • 1 Tm 4.10 Nous travaillons et nous luttons parce que nous avons mis notre espérance en Dieu.
  • 1 Co 9.10 Que celui qui sème, sème avec espérance
  • 1 Co 15.58 Votre travail n’est pas en vain (cf Gai 6.8)

C. Elle nous engage dans la sanctification (1 Jn 3.3), sinon c’ est la vie au jour le jour (1 Co 15.32)

D. Elle renouvelle notre prière.

Quand nous prions, dire que Dieu répond par « oui », « non » ou « plus tard” nous renvoie en réalité à nous interroger sur nos affirmations « évangéliques ». Ce que je demande est-il pour maintenant ou pour un autre temps du plan de Dieu ?

Conclusion

« Crois en Jésus et tous tes problèmes seront résolus » devrait être remplacé, dans notre témoignage par « Espère et ton mode de vie changera ». Notre rédemption totale est à venir. Il y a un certain langage « évangélique » qui est basé sur la foi, là où il devrait l’être sur l’espérance. Ce langage est trompeur et le résultat est visible : tant de gens ont reçu le message d’espérance comme devant se réaliser dans l’immédiat. Le résultat se faisant attendre, il disent avoir « perdu la foi ». Ils ont perdu quelque chose qui était mal fondé.

  1. La Seigneurie du Christ comme fondement

Dans Luc 6.46-49, Jésus dit que la vie d’un individu réussira ou non, en fonction de sa soumission à l’autorité du Seigneur. C’est la conclusion du « sermon sur la montagne », lequel établit les règles qui prévaudront dans le royaume. Pour que ce royaume soit solide, il faut que chaque individu soit solidement fondé.

2.1       Jésus dévoile dans ce discours l’incohérence entre les paroles et les actes chez ses auditeurs :

« Vous dites et ne faites pas », en précisant clairement : « vous m’appelez ‘Seigneur’ v. 46, alors que vous construisez sans tenir compte de mes paroles » v. 49.

  • Jésus emploie deux images identiques : maisons et constructions
  • Jésus mentionne deux épreuves identiques : inondation et torrent
  • Jésus dévoile deux résultats : résistance et effondrement
  • Jésus révèle la différence : qualité ou absence de fondement
  • Jésus signale l’importance de l’effort creuser, approfondir, poser le fondement
  • Jésus donne l’explication ça coûte de m’appeler « Seigneur »
  • Jésus pose l’alternative : v. 46 dire « Seigneur », ne pas faire ce qu’il dit v. 47 entendre les paroles, les mettre en pratique.

Il est donc de notre responsabilité de poser le fondement et d’avoir une maison solide.

2.2       Comment savoir si nous en sommes au verset 46 ou 47 ?

  • Quand il y a décalage entre ce que nous disons le dimanche et ce que nous vivons la semaine.
  • Quand il y a décalage entre ce que nous promettons et ce que nous tenons.
  • Quand il y a décalage entre ce que nous disons du Seigneur et ce que nous disons de ses serviteurs.

2.3       Comment tout cela a-t-il commencé ?

Par la désobéissance au Seigneur. Pour être « comme Dieu » nos premiers parents ont choisi de décider sans Dieu. Conscients des paroles d’interdiction émises par Dieu, ils ont obéi à un autre maître : « c’est la femme », « c’est le serpent ». Ils ont secoué le joug de Dieu. Dès ce moment, c’est l’esprit de rébellion qui règne.

2.4       Quel est le premier fondement du christianisme ?

C’est avec un Seigneur, car l’homme est égaré. Depuis l’erreur d’Adam et Eve, « nous sommes tous errants », selon la parole d’Esaïe 53.6″. Mais le Seigneur Dieu a fait retomber sur Jésus « la faute de tous », cette errance.

Le berger qui conduit aux eaux paisibles, qui porte les faibles et panse les blessés est surtout celui qui va devant et qui exige d’être suivi pour conduire aux pâturages.

Les autres religions proposent un gourou, une idéologie, une loi contraignante, la fuite dans l’abstraction ; Jésus propose sa vie et nous dit : « suis-moi ».

2.5       La marche à suivre est donc la suivante :

Nous reconnaissons que Jésus est Seigneur : c’est ce que nous chantons et prions. Alors quand nous entendons sa parole, dans l’Écriture, la prédication ou dans notre cœur, il nous revient « de creuser, d’approfondir et de poser le fondement ». C’est un travail dur mais indispensable. C’est tout ce qui différencient les deux bâtisseurs de la parabole.

Voici quelques exemples de paroles du Seigneur, suivies de quelques réactions possibles :

  • Parole de Dieu
  • Réaction humaine
  • Réaction spirituelle

« Ne crains pas » – Oui mais dans ma situation Je veux faire disparaître la crainte de mon cœur,

« Vous serez mes témoins » – Je n’ai pas la parole facile Je veux vivre en sorte que ma vie témoigne.

« Je viens bientôt »On dit cela depuis 2000 ans. Je veux qu’il soit à l’aise dans tous mes actes

« Apportez toutes les dîmes »J’ai tellement d’obligations Je vais revoir mon train de vie et mes comptes.

Tout cela exige du travail, du travail aussi ardu que « creuser, approfondir et poser un fondement ». Si Jésus le Seigneur a été soumis en toutes choses au Père, son disciple le sera également, dans toutes les situations de la vie. Alors il peut escompter une récompense avec le Maître. Cela n’est pas une hypothèse d’école mais une exigence du royaume.

Celui qui ne fait pas ce travail en profondeur verra son œuvre détruite, car l’inondation et le torrent viendront et ce qui a été construit en dehors de la seigneurie absolue de Jésus-Christ sera irrémédiablement détruit. Le diable utilise aussi cette méthode pour « détruire, dérober et tuer » (cf. Jn 10.10). Il laisse ses disciples faire ce qu’ils veulent, sachant que, accomplie en dehors de la volonté du Seigneur, leur œuvre sera anéantie. Par contre, là où certains se font tout voler, d’autres auront « la vie en abondance », c’est-à-dire un résultat important suite à leur engagement.

En refusant la seigneurie de Jésus-Christ, les hommes, et les disciples avec eux, se détruisent, détruisent leur entourage et leur société, car « hors de Lui, nous ne pouvons rien faire » (Jn 15.5).

2.6       Un exemple de l’Écriture nous révèle la difficulté à accepter une autorité absolue sur sa vie :

Celui de Samuel, hésitant au début, mais ferme par la suite.

  • Héli lui enjoint de répondre à l’Éternel : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute »
  • mais l’enfant répond : « Parle, ton serviteur écoute » (1 Sa 3.9-10)

N’y a-t-il pas là l’expression toute humaine d’un désir d’être « un grand serviteur de Dieu » même un « humble serviteur », tout en refusant d’accepter qu’un Seigneur lui dicte tous ses actes ? En un mot, être un « esclave », pour reprendre la terminologie de Paul.

Le récit qui suit immédiatement celui de la maison bâtie ou non sur le roc, est celui d’un capitaine qui déclare être sous des supérieurs et que cela lui donne l’autorité de sa fonction (Lc 7.1-10). Jésus déclare que cette vérité est expression de foi chez cet homme, une foi qu’il n’a pas rencontrée en Israël.

L’ensemble de cet enseignement est le suivant : certains disent « Seigneur » à Jésus et ne font pas ce qu’il leur dit. La foi qu’ils expriment en paroles n’a pas changé leur comportement individualiste, alors que le capitaine, sans utiliser le mot « Seigneur », agit à l’égard de Jésus dans une soumission totale à ce qu’il va dire (« dis un mot » v.7). La « maison » qu’il bâtit ici est durable au point d’être prêchée dans le monde entier, encore aujourd’hui. A d’autres qui ont fait ceci ou cela « en ton nom », Jésus risque de répondre : « Je ne vous ai jamais connu » (Mt 25.12).

2.7       Le développement décrit ci-dessus nous aide à savoir si nous servons le Seigneur ou nos ambitions et nos désirs. Il est facile de dire que Dieu nous a « parlé », ou « montré », ou « mis à cœur », ou « donné la pensée”, concernant telle action ou parole. La vérité exprimée par Jean, que nul ne peut prétendre aimer Dieu sans aimer son frère (1 Jn 4.20) devient la pierre de touche de toute relation entre le spirituel et l’humain : Ce qui est vrai dans le monde spirituel doit s’exprimer dans le monde humain, dans les relations humaines. Quand Paul se dit serviteur de Jésus-Christ, il se dit aussi serviteur de l’Église (Col 1.25). Il se place sous le contrôle de l’Église.

Cela ne veut pas dire que l’Église, sur terre se substitue à la seigneurie de Jésus-Christ, mais que Jésus étant le seul Seigneur, tous sont des serviteurs et que leurs différents « services » ne peuvent en aucun cas être considérés isolément. Ils n’ont de valeur qu’ensemble, dans la soumission les uns aux autres.

L’exemple de la construction des cathédrales est une illustration : on y travaillait pendant des siècles parfois. Nul ne voyait le commencement et la fin de l’œuvre entreprise. Chacun devait donc travailler selon des plans précis et les ordres des chefs de chantier ; il continuait le travail commencé par un autre, attendant qu’un troisième lui succède. Quelle prétention que de vouloir faire son petit travail « tout seul en n’obéissant qu’au Seigneur ».

Il y a ce que donne l’Esprit (1 Co 14.26), puis il y a ce qui doit être fait. Donc ce que donne l’Esprit est soumis au critère de l’édification. Cela veut dire :

  • seul ce qui vient de l’Esprit édifie,
  • de ce que nous pensons avoir reçu de l’Esprit, il faut dire ce qui édifie,
  • ce qui édifie est déterminé par une sensibilité commune au sein de l’Église.

2.8       Une vie dont le résultat serait détruit ne serait pas forcément une vie perdue pour l’éternité. Elle peut être sauvée, « comme au travers du feu ». Il y a ceux qui ont « prophétisé en son nom » (se mettant en avant par leur don) et ceux qui ont prophétisé par obéissance. Le résultat immédiat importe peu (cf. Jérémie, déporté ou Jésus, crucifié). C’est la fidélité qui compte (« cela va bien, bon et fidèle serviteur »).

C’est cette vie terrestre que l’inondation et le torrent vont éprouver. Ce qui en restera aura été construit dans la soumission au Seigneur, reconnue et acceptée dans la soumission aux autres serviteurs du même Seigneur. Quelle misère d’avoir trimé toute sa vie chrétienne durant pour voir l’effondrement de son activité.

  • Avoir un Sauveur nous assure la vie éternelle.
  • Avoir un Seigneur nous assure la réussite d’une vie de service.
  1. La puissance de Dieu comme fondement

Cette affirmation est basée sur le texte de Paul dans (1 Cor 2.1-5) : « Afin que votre foi … soit fondée sur la puissance de Dieu ».

3.1       La foi « en » la puissance de Dieu n’est pas un thème nouveau chez les pentecôtistes. Mais la foi « fondée sur » la puissance de Dieu demande explication. Notre foi est en Dieu, source de toute puissance, grâce, sainteté, de tout amour. Si notre foi est en une seule (ou principalement en une seule) des manifestations de la personne de Dieu, elle risque de nous amener à des déceptions, certainement à des incompréhensions.

Par exemple, si je compte abusivement sur l’amour de Dieu qui finirait par tout oublier, tout pardonner, je ne comprends pas sa sainteté. Je sais que Dieu est amour et qu’il est sainteté. Je ne comprends pas vraiment l’harmonie entre ces deux notions. En Dieu, le pardon absolu et la sainteté absolue sont intimement unis dans un mystère qui m’échappe. Alors je crois en Dieu et cette foi en lui est fondée sur la certitude qu’il aime jusqu’au bout (cf. le brigand sur la croix) et sur cette autre certitude qu’il ne transige pas avec le péché (« retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité »).

Je comprends l’amour qui pardonne, je comprends la sainteté qui juge, mais je ne comprends pas Dieu qui allie les deux en un parfait équilibre. Je crois en Lui. Cette foi est fondée sur quelques éléments relatifs à sa personne et à son œuvre, que je peux saisir.

3.2       Je sais que Dieu est puissant. Il est le tout-puissant. Pourtant, de nombreux exemples, dans la Bible et dans notre expérience, semblent nier cette évidence. « Où est donc leur Dieu ?  » demandent les ennemis du psalmiste, repris en chœur par les adversaires actuels de l’enseignement concernant la vie pentecôtiste. Comment concilier tous les miraculés du cancer et tous les morts à cause du cancer ? On peut bien dire qu’auprès du Seigneur, ils sont guéris. C’est si dur à assumer et à faire comprendre à un orphelin ou à un veuf. Quel est notre recours ?

  • nous disons qu’il y a eu manque de foi. C’est l’abattement, la culpabilité.
  • nous fuyons en avant dans l’exorcisme. Il y aurait un « esprit de ceci ou cela ».
  • nous remettons en cause les promesses de Dieu. Dieu a-t-il vraiment dit cela ?
  • nous recentrons notre foi sur Dieu plus que sur ses œuvres.

3.3       Le mot « puissance » se trouve dans de nombreux contextes. Selon les lieux et moments, nous pouvons en donner les significations suivantes :

  • la puissance statique d’un étai (Hb 1.3)
  • la puissance dynamique d’une proclamation (Ep 1.19-20)
  • la puissance d’une action (Le 5.17)
  • la puissance constatée dans ses résultats (Jé 10.12; Ro 1.20)
  • la puissance cachée dans les desseins de Dieu (Ha 2.3 et toute l’Apocalypse)
  • la puissance invisible de la protection divine (1 Pi 1.5)
  • la puissance actuelle de la croix (1 Co 2.5)
  • c’est notre texte.

3.4       Examinons maintenant le début de cette lettre de Paul pour y trouver les éléments qui précédent cette déclaration : « que votre foi soit fondée sur la puissance de Dieu ».

  • 18 la parole de la croix… pour nous qui sommes sauvés est puissance de Dieu
  • 19-20 la sagesse de ce siècle disparaît devant cette puissance
  • 22-23 Paul prêche la croix aux Juifs qui demandent des miracles, aux Grecs qui recherchent la sagesse il leur oppose la « faiblesse » et la « folie » de son message.
  • 24 Pour tous, Juifs et Grecs, une fois sauvés, la croix est puissance et sagesse.
  • 25 Dieu est taxé de folie mais il est plus sage que les hommes de faiblesse mais il est plus fort que les hommes;
  • 26-29 Parmi les croyants de Corinthe, il y a peu de sages, de puissants, de nobles. Même s’il y en a, la folie de la foi, la faiblesse des moyens, le mépris dont ils sont l’objet, sont les éléments que Dieu utilise pour faire taire les grands. Paul proclame une autre logique : la puissance de la croix.
  • 30-31 Jésus est la réponse. A sa mort répond la résurrection. Cette réponse devient nôtre quand nous sommes « en Christ Jésus ». A lui soit l’honneur.
  • 1 « Pour moi » veut dire que ce qu’il vient d’énoncer comme principe fondamental, il l’a pratiqué personnellement.
    • il n’a pas utilisé la supériorité du langage (la rhétorique)
    • il n’a pas utilisé la supériorité de la sagesse (la psychologie)
    • il a rendu témoignage à un fait : Jésus crucifié
    • il était en état de faiblesse (v.3).

S’adressant aux Juifs, il connaissait leur système religieux, les paroles des prophètes, les textes sacrés immuables. Tout cela constitue des repères sûrs. Ce n’est plus le cas face aux Corinthiens dont la réputation est celle de la dissolution (on disait « vivre à la corinthienne » pour désigner la corruption la plus permissive). Comment prêcher l’évangile dans ce climat ? Il est faible, craintif et tremblant (v.3). C’est à ce moment que le Seigneur lui dit : « Ne crains pas » (Ac 18.9-10).

Pendant dix-huit mois (Ac 18.11), il affirme que la croix vient à bout de toutes les déviations, les impuretés, les idoles, les désordres et désobéissances de cette société grecque. Même s’il en reste des éléments (voir la suite de la lettre : inceste, procès, insoumission, idolâtrie), c’est par la puissance de Dieu manifestée dans la croix de Christ que se trouve la solution. Voilà le fondement que Paul veut établir pour asseoir la foi des lecteurs.

3.5       L’examen du contexte nous montre à l’évidence la valeur de la croix dans la vie des croyants. Pourquoi cette croix est-elle si indispensable à notre foi ?

  1. Elle met en évidence l’échec des valeurs prônées dans ce siècle humaniste. Elle révèle aussi les valeurs éternelles, constitutives du Royaume. L’avoir, le savoir, le pouvoir, sont abolis par la croix. La faiblesse humaine, la pauvreté, le mépris à cause de Christ sont les nouvelles valeurs sûres de la foi. Ce renversement des valeurs est seul capable de donner accès à la grâce et à l’action de Dieu. L’humain disparaît pour laisser place à ce qui est régénéré et qui devient le tremplin de l’intervention divine.
  2. Elle transforme notre regard sur le monde. Les actes miraculeux de Dieu ne transforment que les circonstances extérieures. La croix transforme notre être profond. Quelle gloire quand Dieu a fait sortir Israël d’Egypte des cœurs. Cela se fait par la croix.
  3. Elle établit l’essentiel de la prédication chrétienne :
  • « repentez-vous »
  • « sauvez-vous de cette génération, de ce monde »
  • « qu’avez-vous de commun avec ce siècle ? »

Quand cet évangile là est prêché, cru et vécu, les signes du royaume de Dieu se manifestent. Prêchons-nous l’évangile ou les signes qui l’accompagnent ? Si Christ est ressuscité, attachons-nous aux choses d’en haut et non à celles qui sont sur la terre (Co 3.1). Plus de recherche de notoriété, d’autorité ou de gain, mais de sainteté, de fidélité, de soumission, qui sont les évidences du royaume.

4. Elle nous interroge sur notre compréhension des Écritures :

  • sais-tu que ta force ne consiste pas à surmonter tes faiblesses, mais à être faible pour que Dieu agisse ? (1 Co 1.26; 2 Co 12.10; 2 Co 4.10-11).
  • sais-tu que ta richesse n’est pas dans la possession de biens, mais dans la pauvreté ? (Mt 5.5 ; 2Co 8.9).

Tant de livres ont été écrits sur la façon de « prendre autorité », « dans le nom de Jésus », alors que Jésus n’avait pas d’autre autorité que celle de venir dans un peuple méprisé, sur un coin de terre infiniment petit, dans une crèche, sur une croix. Toute sa vie a été une croix portée. Aussi dit-il : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se charge de sa croix ».

3.6       Le grand vainqueur de l’histoire s’est assis sur son trône (Ap 5.1-7). Il est appelé « le lion de Juda ». Il est dépositaire des insignes de la royauté, il est la racine de toute la royauté d’Israël et de sa gloire. Jean s’approche pour voir ce Roi des rois, ce Seigneur des seigneurs et là, il découvre… L’Agneau immolé.

Sa victoire est due, non à sa royauté, mais sa royauté est due à sa croix. C’est désormais le nom qu’il portera tout au long de ce livre qui s’appelle « la révélation de Jésus-Christ » (il reviendra 28 fois), car c’est vraiment une « révélation » qu’il faut avoir pour y découvrir le vainqueur et la façon dont il a vaincu : LA CROIX !

Fondée sur cette puissance de Dieu, notre foi sera solide.

Conclusion

Rappelons que la notion de fondement est très importante, car :

  • elle implante solidement la construction envisagée (Co 1.23)
  • elle implique l’obligation de poursuivre la construction (Le 14.29)
  • elle indique la nature des matériaux à utiliser (1 Co 3.10)
  • elle interdit le changement des données en cours de construction (Hb 6.1)

Si notre foi est sur un bon fondement, elle pourra se développer harmonieusement et en accord avec la pensée divine. Elle résistera aux modes humains de pensée qui ne sont souvent que des fausses pistes.

Cette foi solide est basée sur une espérance « qui ne peut tromper », même lorsque l’expérience actuelle est bien en deçà des promesses; elle trouve sa force dans la soumission à un Maître qui dirige totalement ma vie; elle se manifeste par une transformation de ma personne et de ma pensée, au contact de l’esprit de la croix. C’est cette foi en ce christianisme que nous voulons persévérer à montrer au monde et offrir en adoration au Seigneur des seigneurs.


©juin 1998 – Charles-Edouard Peter-Contesse – Les fondements du christianisme –

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