La possibilité de déchoir de la grâce

wolf-sheepL’Écriture nous parle de certains hommes qui s’écartèrent du chemin du Seigneur; ces récits affligeants sont là afin de nous interpeller à cette grande question:

Est-il possible de déchoir de la grâce ?

Il existe des controverses à ce sujet, certains disent non, et parmi eux, nous trouvons des Évangéliques, comme des Pentecôtistes.

Il est nécessaire de définir ce terme « déchoir de la grâce », afin d’y donner une réponse scripturaire.

« Il est possible qu’une personne qui a été sauvée par le sang de Christ, baptisée d’eau, même baptisée du Saint-Esprit, et qui se détourne de la vérité perde son salut ».

Nous allons donc répondre à cette question:

1. LA GRÂCE REND-ELLE LA CHUTE IMPOSSIBLE AU CROYANT ?

Nous trouvons deux positions diamétralement opposées.

1.1. OUI LA GRÂCE REND LA CHUTE IMPOSSIBLE

1.1.1. Une Puissance

« à vous qui, par la puissance de Dieu, êtes gardés par la foi pour le salut prêt à être révélé dans les derniers temps! » (1 Pi 1:5)

« Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous; et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. » (Jn 10:29)

Cela voudrait dire que si une personne tombe et perd son salut, Dieu ne serait pas capable de garder cette personne comme ces deux versets l’affirment.

En fait nous incriminerions Dieu pour la désobéissance de cette personne et nous le rendrions responsable des manquements de l’homme.

Il ne faut pas nous écarter du contexte de Jean 10.29.

« Mes brebis entendent ma voix; je les connais, et elles me suivent. » (Jean 10:27). C’est dans la mesure où nous entendons la voix du Berger et que nous le suivons que nous sommes gardés dans sa main.

1.1.2. La Prédestination

La prédestination signifie: plan de Dieu établi d’avance.

En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irrépréhensibles devant lui, nous ayant prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, (Ephésiens 1:4-5)

Selon la position de Calvin, grand Réformateur, le salut vient uniquement de Dieu, et l’homme n’a absolument rien à faire, la décision dépend de Dieu seul si oui ou non nous sommes sauvés.

Ce raisonnement porte certaine faiblesse dans le sens où nous pouvons nous poser cette question: pourquoi les hommes ne sont-ils pas tous sauvés ? A cette question Calvin répond: « Certains sont prédestinés pour la vie et d’autres pour la mort ». Là encore, il y aurait injustice de Dieu.

Cela voudrait dire, « Une fois sauvé, toujours sauvé ».

En s’appuyant sur ce verset de Romains : « Car Dieu ne se repent pas de ses dons et de son appel. » (Rom 11:29)

C’est ainsi que l’on explique la situation du rétrograde, il est prédestiné au salut donc il sera sauvé de toute manière.

D’autres versets sont pris à l’appui pour dire cela: « Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus- Christ. » (Phi 1:6)

« Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur. » (Rom 8:38-39)

Pouvons-nous appliquer ce « rien » à celui qui ne marche pas avec le Seigneur ?

« C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi;  » (Jn 17:9)

1.1.3. La Nouvelle Naissance

En donnant cette étendue à la nouvelle naissance: tous les péchés passés, tous les péchés présents, tous les péchés a venir sont pardonnés.

Si cela est le cas, quel sens donné à ces versets: « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. » (1 Jn 1:9)

« Et toi, fils de l’homme, dis aux enfants de ton peuple: La justice du juste ne le sauvera pas au jour de sa transgression; et le méchant ne tombera pas par sa méchanceté le jour où il s’en détournera, de même que le juste ne pourra pas vivre par sa justice au jour de sa transgression. » (Ez 33:12)

« Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion, et le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché.» (1 Jean 1:7)

et d’autres encore. Ils sont à ce moment-là devenus superflus.

A la nouvelle naissance, nous recevons la Vie Eternelle, et de ce fait il est impossible de mourir spirituellement. Nous devenons fils et filles de Dieu; est-ce qu’un fils ne reste pas fils pour toujours ? Dieu va-t-il nous renier en tant que fils et filles ?

Et cette dernière affirmation: si il est tombé, c’est qu’il n’était pas vraiment sauvé, en prenant à témoin la parabole du semeur en Luc 8. 4-18.

La nouvelle naissance ne serait que la semence tombée dans la bonne terre.

La graine dans les épines, le roc, nous dit l’Evangile est la Parole qui a été reçue avec joie, il y a eu réception; qui suis-je pour affirmer qu’ils ne l’auraient pas reçue.

1.2. NON LA GRÂCE NE REND PAS LA CHUTE IMPOSSIBLE

La prédestination n’est pas la détermination de qui sera sauvé, mais c’est le décret de Dieu vis-à-vis de quiconque veut et ne veut pas.

« Car il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, et qui sont tombés, soient encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu’ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie. » (Héb 6.4-6)

Ce passage est un des passages les plus sérieux de l’Ecriture, et nous ne pouvons pas le laisser sous silence.

Avant d’en retirer ce que réellement il nous dit considérons certains commentaires à ce sujet.

Dans la traduction Segond avec les annotations Scofield, il nous est dit ceci à propos de ces versets: « Quatre interprétations possibles de ce passage:

  1.  Cette déclaration s’adresserait à quelques juifs qui ont fait confession de croire en Christ, mais qui ne sont pas parvenus à la vraie foi en Lui, n’ayant pénétré que dans l’antichambre du salut.

  2. Cette déclaration proposerait l’hypothèse suivante: s’il est possible que quelqu’un « tombe », v.6, après avoir goûté au don céleste, il est alors impossible que cette personne soit ramenée à une nouvelle repentance; car, dans ce cas, il faudrait que le Seigneur soit crucifié à nouveau; or il est évident que cela ne peut se produire. Ainsi donc, déchoir de cette façon est impossible.

  3. Cette déclaration s’adresserait à des rachetés tombés dans le péché à un degré tel qu’ils ont crucifié à nouveau pour leur part le Fils de Dieu, v.6; par conséquent, ils sont désapprouvés et perdront leur récompense.

  4. Cette déclaration s’adresserait à des rachetés courant le danger de retomber dans l’incrédulité ou dans le péché, s’exposant ainsi à la désapprobation et à la perte du salut (ce qui, bien entendu est exclu).

L’expression « qui ont eu part au Saint-Esprit » , v.4, peut avantageusement se traduire par « qui ont commencé à prendre part au Saint-Esprit », ce qui n’implique pas se livrer au Saint-Esprit et se tourner vers Dieu pour le salut. L’avertissement s’adresse donc à ceux qui ont été instruits et même touchés par le Saint-Esprit, mais qui n’ont jamais voulu céder à Christ. Tout ce passage tourne autour du mot « meilleur », v.9. Si les faits mentionnés dans les v. 1-5 correspondaient à toutes les caractéristiques du salut, il n’y aurait rien de meilleur. Les expériences soulignées, v. 4-5, peuvent précéder celle du salut ou même coïncider avec elle mais elles n’aboutissent pas toujours au salut. L’Ecriture affirme abondamment la sécurité éternelle du chrétien. Par conséquent, ce passage ne permet pas d’enseigner que les rachetés pourraient perdre leur salut »

En résumer nous pourrions dire ceci: pour Scoffield, les personnes concernées par ce passage ne sont pas converties.

Nous pouvons répondre ceci à une telle argumentation.

1.2.1.  « C’est pourquoi, frères saints, qui avez part à la vocation céleste, considérez l’apôtre et le souverain sacrificateur de la foi que nous professons, » (Héb 3:1)

L’auteur de l’épître s’adresse à des frères dans la foi, des personnes qui ont connu le Seigneur; le terme « connaître » est à comprendre non au niveau d’une connaissance intellectuelle de Christ, mais dans une connaissance expérimentale de Christ.

1.2.2.

Ce passage fait suite au v. 11-14 du chapitre 5, les chapitres ont été rajoutés après pour une facilité de lecture et de recherche, ce qui fait qu’il n’y pas de coupure entre ce qui nous est dit dans 5. 11-14 et 6.1-12.

Cela nous fait dire qu’il est possible de s’endurcir, de rester à une compréhension « primaire » des réalités spirituelles que Dieu aimerait nous faire vivre.

« Nous avons beaucoup à dire là-dessus, et des choses difficiles à expliquer, parce que vous êtes devenus lents à comprendre. Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez être des maîtres, vous avez encore besoin qu’on vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu, vous en êtes venus à avoir besoin de lait et non d’une nourriture solide. » (Héb 5:11-12)

1.2.3. Il nous est difficile de comprendre le terme « éclairés » du v. 4 sans avoir réalisé le pas qui est à faire.

« Souvenez-Vous de ces premiers jours, où, après avoir été éclairés, vous avez soutenu un grand combat au milieu des souffrances, » (Héb 10:32)

Ils ont soutenu un grand combat après avoir été éclairés, cela nous montre clairement que ces personnes avaient fait une expérience de conversion.

1.2.4.

« Ils ont goûté le don céleste », certains affirment que goûter ce n’est pas manger, considérons ce que A. Muray nous dit dans son commentaire « D’après l’original, le sens de cette expression serait: Ils ont goûté l’excellence du dire de Dieu. L’auteur ne faisant pas allusion à la Parole de Dieu en tant que « logos », mais une parole spéciale de Dieu « rhéma », dont le croyant aurait expérimenté pour lui-même l’authenticité et la valeur spirituelle ».

1.2.5. « Qui ont eu part au Saint-Esprit », cela voudrait dire avoir part sans être à Christ ? Il est difficile de concevoir avoir part au Saint-Esprit sans être à Christ.

Il est vraiment difficile de croire que cet avertissement si dur s’adresse à des personnes non converties, alors qu’il peut se comprendre s’adressant à des convertis.

Une telle personne agit ainsi d’une manière tout à fait consciente et met de ce fait de côté le Seigneur et par son entêtement, son endurcissement volontaire arrive à un point où Dieu ne peut plus rien faire, alors, le jugement est inévitable.

Mais attention, il y a toujours une possibilité, si de notre côté il y a repentance. Ce verset n’est pas à prendre pour les rétrogrades qui reviennent au Seigneur par la repentance.

1.2.6. Plusieurs passages font état de la « connaissance », nous avons vu plus haut en 2.1.

« Car, si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, » (Héb 10:26)

Nous retrouvons la même pensée;  » si….volontairement « 

« En effet, si, après s’être retirés des souillures du monde, par la connaissance du Seigneur et Sauveur Jésus- Christ, ils s’y engagent de nouveau et sont vaincus, leur dernière condition est pire que la première. Car mieux valait pour eux n’avoir pas connu la voie de la justice, que de se détourner, après l’avoir connue, du saint commandement qui leur avait été donné. Il leur est arrivé ce que dit un proverbe vrai: Le chien est retourné à ce qu’il avait vomi, et la truie lavée s’est vautrée dans le bourbier. » (2 Pi 2.20-22)

« Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. » (Jean 17:3)

« Mais l’homme animal ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge. » (1 Cor 2:14)

1.2.7. « Mes frères, si quelqu’un parmi vous s’est égaré loin de la vérité, et qu’un autre l’y ramène, qu’il sache que celui qui ramènera un pécheur de la voie où il s’était égaré sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés. » (Jac 5.19-20)

Par ce passage Dieu nous montre l’issue de telles personnes qui connaîtront la mort spirituelle, c’est-à-dire la séparation d’avec Dieu.

1.2.8. L’Ecriture nous met en garde et cite des exemples de personnes qui ont abdiqué par rapport à la foi.

Esaü et Saül ne purent pas se repentir du fond du coeur, parce qu’ils étaient dans l’endurcissement.

Ceux qui avaient transgressé la loi de Moïse involontairement pouvait trouver grâce, mais pour celui qui avait rompu avec la loi de Moïse, avec l’alliance que Dieu avait traitée avec le peuple, par conséquent lui, il ne restait plus que le jugement et le châtiment .

Il en est de même dans la dispensation de la grâce: celui qui pèche par faiblesse peut être pardonné, mais celui qui pèche volontairement, qui en d’autre terme se détourne de la vérité et demeure dans cet état sans vouloir reconnaître et se repentir, est soumis à la loi de l’endurcissement et va à la perdition éternelle.

Judas qui signifie fils de la perdition à choisi de sa propre initiative, il avait la possibilité de se repentir, mais il a choisi un autre chemin, et il est difficile de croire que Judas sera sauvé.

« De ce nombre sont Hyménée et Alexandre, que j’ai livrés à Satan, afin qu’ils apprennent à ne pas blasphémer.» (1 Tim 1:20)

« car Démas m’a abandonné, par amour pour le siècle présent, et il est parti pour Thessalonique; Crescens est allé en Galatie, Tite en Dalmatie. » (2 Tim 4:10)

Le terme « abandonné ici, est le même qui est utilisé quand Jésus s’est écrié « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».

« Mais l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, » (1 Tim 4:1)

« N’aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui; » (1 Jn 2:15)

Adultères que vous êtes! ne savez-vous pas que l’amour du monde est inimitié contre Dieu?

« Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu. » (Jac 4:4)

« Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. » (Ap 3:16)

2. EST-IL POSSIBLE DE DEMEURER ET DE NE PAS TOMBER DE LA GRÂCE

Christ, disons-le de toutes nos forces, est puissant pour nous préserver de la chute et pour sauver jusqu’à l’extrême limite ceux qui viennent à Dieu par lui.

« à qui nous devons d’avoir eu par la foi accès à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu. » (Rom 5:2)

Ce verset nous parle de demeurer dans la grâce, cette expression désigne le maintien de la communion que la justification a établie entre Dieu et nous.

Beaucoup se posent la question suivante: Tous ceux qui tombent, sont-ils déchus de la grâce ?

Il nous faut faire une distinction entre:

  • Tomber dans la grâce et
  • Tomber de la grâce

David, Pierre sont pour nous de bons exemples d’hommes qui, à cause du repentir profond de leur cœur, furent relevés après leur chute. Nous pourrions dire qu’ils sont « tombés dans la grâce ».

 Plusieurs textes nous exhortent à demeurer dans la grâce.

« pour vous faire paraître devant lui saints, irrépréhensibles et sans reproche, si du moins vous demeurez fondés et inébranlables dans la foi, sans vous détourner de l’espérance de l’Évangile que vous avez entendu, qui a été prêché à toute créature sous le ciel, et dont moi Paul, j’ai été fait ministre. » (Col 1.22-23)

« Or, à celui qui peut vous préserver de toute chute et vous faire paraître devant sa gloire irrépréhensibles et dans l’allégresse, » (Jude 1:24)

« si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui; si nous le renions, lui aussi nous reniera; » (2 Tim 2:12)

« Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors, comme le sarment, et il sèche; puis on ramasse les sarments, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. » (Jn 15.6-7)

« Puisque donc toutes ces choses doivent se dissoudre, quelles ne doivent pas être la sainteté de votre conduite et votre piété, tandis que vous attendez et hâtez l’avènement du jour de Dieu, à cause duquel les cieux enflammés se dissoudront et les éléments embrasés se fondront! » (2 Pi 3.11-12)

« C’est pourquoi, frères, appliquez-vous d’autant plus à affermir votre vocation et votre élection; car, en faisant cela, vous ne broncherez jamais. » (2 Pi 1:10)

« Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, non seulement comme en ma présence, mais bien plus encore maintenant que je suis absent; » (Phi 2:12)

Ainsi la Parole nous donne la clé par laquelle nous pourrons être trouvé digne lorsque le Seigneur reviendra nous chercher, et en mettant les exhortations du Seigneur en pratique, cette promesse de Jean s’accomplira: « Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous; et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. » (Jn 10:29)

 

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