Le prophète

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©Omega France – Le prophète + un article de T.N. Turnbull –

LE NÉCESSAIRE DISCERNEMENT

Notre époque est à la recherche d’hommes de Dieu capables de transmettre une authentique parole du Seigneur. Nous avons tant besoin de points de repère dans notre monde d’église perturbé, de directions claires pour nos vies personnelles si souvent déboussolées

Dieu connaît ce désir d’entendre sa voix et il a répondu par avance. Il a donné des prophètes dans son église. A nous de savoir reconnaître et accueillir ces hommes et les messages qu’ils apportent.

Mais ne soyons pas crédules. Tous ceux qui se disent prophètes ne le sont pas nécessairement. Jésus lui-même nous met en garde contre l’apparition de faux prophètes venant en son nom.

Comment reconnaitre les vrais des faux? Deux remarques peuvent nous y aider:

  • Le prophète dans l’église n’est pas l’homme seul qu’était le prophète de l’Ancien Testament. Il est un parmi plusieurs ministères différents qui se contrôlent et se complètent mutuellement. Soyons donc réservés envers ceux qui voudraient se placer au-dessus des églises.
  • Un bon arbre porte de bons fruits. Le passage de tel prophète laisse-t-il du trouble dans les assemblées ou bien laisse-t-il la paix et l’affermissement que donne la révélation de Dieu?

Si nous sommes à la fois ouverts et vigilants; l’Écriture nous promet une récompense de prophète.

Jacques Gloaguen


 

LE RÔLE DU PROPHÈTE DANS L’ÉGLISE

Dieu veut qu’il y ait dans l’église des « apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs et des docteurs ». L’apôtre Paul nous le révèle dans l’épitre aux Ephésiens (Eph 4.11 ).

Cette volonté n’a pas changé au cours des siècles. Dieu est persévérant. A chaque époque, dans chaque génération, il suscite des hommes que leur élection rend capable de porter ces ministères pour le plus grand bien des croyants. L’histoire de l’église nous montre ces tentatives souvent imparfaites, parfois fugitives mais toujours renouvelées, de conformer l’église à la pensée divine.

Notre époque est un de ces moments particuliers. Elle connaît une découverte généralisée et une tentative de revivre ces ministères originels. Si bien que la question qui se pose actuellement n’est pas tellement celle de l’existence des ministères, en particulier ceux d’apôtre et de prophète, mais celle de leur contenu pratique.

Qu’est-ce qui caractérise un apôtre? Un prophète ?  Cette dernière question sur laquelle nous voulons nous pencher, reçoit actuellement des réponses très variées et déconcertantes. Heureusement, nous avons les Écritures. En examinant ce que le livre des Actes des Apôtres nous dit de la conduite des prophètes dans l’église primitive, nous pouvons connaître le contenu et les limites de ce ministère.

Actes 11.27-30 « Il déclara par l’Esprit qu’il y aurait une grande famine sur la terre entière ».

Venant de Jérusalem, des prophètes sont arrivés à Antioche. C’est la première fois que nous entendons parler de prophète dans le cadre de l’Église. La manière dont ils ont été reconnus demeure mystérieuse, mais leur ministère est accepté sans contestation.

L’un de ces prophètes, Agabus, annonce une famine pour les mois à venir. Son message permet aux croyants d’affronter dans les meilleures conditions cette période difficile. L’annonce de l’avenir est donc un aspect bibliquement fondé du ministère du prophète. Il est comme un projecteur qui éclaire l’inconnu.

Mais si Agabus a annoncé la famine, il n’a pas dicté leur conduite aux frères de l’assemblée. Le message qu’il a donné a provoqué la réflexion et la décision finale des disciples qui ont envoyé un secours aux frères de la Judée.

Actes 13.1-3 « Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés »

Il y avait des prophètes dans l’église d’Antioche. C’est sans doute l’un d’eux ( Siméon ? ) qui apporte le message donnant à Barnabas et à Saul le signal du départ en mission. L’essentiel du message est une indication du moment où les deux hommes doivent être libérés. Mais cette libération les introduit dans un champ de travail plus large où se manifestera leur apostolat (Actes 14.14). C’est donc aussi, indirectement, une confirmation de l’appel particulier des deux hommes à aller vers les païens, appel qui semble avoir été connu des autres frères responsables.

Dans ce cas précis, le prophète a confirmé l’appel et éclairé le temps d’agir. C’est encore de nos jours le contenu d’un ministère prophétique. Il est un élément de révélation en ce qui concerne les appels et les temps pour le service.

Mais si le prophète a donné son message, ce sont les frères d’Antioche qui, après avoir jeûné et prié, prennent la responsabilité de laisser partir les deux apôtres.

Actes 15.32 « Jude et Silas, qui étaient eux-mêmes prophètes, les exhortèrent et les fortifièrent par plusieurs discours. »

A la suite de la rencontre de conciliation tenue à Jérusalem, une délégation est envoyée dans les églises pour faire connaître les décisions prises. Elle se compose de Paul et Barnabas, de Jude et de Silas (Act 15.22). Jude et Silas exhortent les frères par plusieurs discours, mention que l’auteur des Actes met en relation avec le fait qu’ils étaient prophètes. Ces discours sont donc sans doute des prophéties.

Le ministère de prophète apparaît ici comme apportant une confirmation à la doctrine établie à Jérusalem. Il ne donne pas de nouvelles directives doctrinales, mais il met en lumière celles qui viennent d’être acceptées par tous.

Actes 16.6-7 « Empêchés par le Saint Esprit …  L’Esprit de Jésus ne leur permit pas .. . »         

Lors de son second voyage missionnaire, Paul fait équipe avec Silas qui est prophète. Après avoir commencé par visiter les églises de la Galatie, l’apôtre recherche la volonté de Dieu quant à la direction à prendre. L’Esprit le conduit en fermant certaines portes devant lui.

Paul discerne peut-être la direction de l’Esprit dans ces circonstances contraires, mais il peut s’agir, plus simplement, d’une intervention du prophète.

Dans ce cas le ministère du prophète est encore, comme nous l’avons vu, un élément de direction quant à la découverte du champ d’activité.

Remarquons cependant que l’Esprit se contente de fermer des portes et qu’il laisse à Paul et ses compagnons le soin d’en trouver d’autres.

Actes 21.10-14 « Voici cc que déclare le Saint Esprit : L’homme à qui cette ceinture appartient, les Juifs le lieront et le livreront entre les mains des païens. »

Nouvelle intervention du prophète Agabus. Il se rend à Césarée où Paul fait halte chez Philippe. Il accomplit alors un acte prophétique semblable à ceux des prophètes dans l’Ancien Testament, en se liant les pieds et les mains avec la ceinture de Paul. Puis il délivre un message qui jette la lumière sur ce qui attend l’apôtre à Jérusalem.

Cette fois, il est question de dévoiler l’avenir d’une personne, ce qui peut être aussi le domaine du ministère du prophète, dans la mesure où cet avenir a une incidence sur la marche de l’église.

Remarquons encore la sobriété de la parole d’Agabus. Il se contente de dire ce qui va arriver et il laisse à Paul l’entière liberté et responsabilité de la décision finale.

Ainsi, dans le Nouveau Testament, nous voyons le ministère prophétique se mouvoir dans les domaines de la doctrine, de la direction, de l’envoi, de l’annonce de l’avenir. Mais il faut souligner que dans chacune de ces sphères d’activité, il n’est pas la seule autorité. Il fonctionne dans le cadre de l’église, d’un corps. D’autres ministères administrent les révélations prophétiques apportées, ceci pour la sécurité et le plus grand bien de tous.

Jacques Gloaguen.


 LA DISCIPLINE DE VIE DU PROPHÈTE

(Quelques conseils d’un prophète expérimenté) T.N. Turnbull

Le ministère de prophète ne prend sa pleine dimension que lorsque l’homme qui y est appelé par Dieu se soumet à certaines obligations. C’est la condition nécessaire pour que la parole qu’il donne soit empreinte de cette puissance divine qui convainc l’auditeur qu’elle est vraiment la parole du Seigneur. De nos jours, nous avons besoin d’un tel ministère prophétique qui inspire la confiance, mais nous ne le verrons se manifester que si les hommes utilisés par Dieu acceptent de se soumettre volontairement à certaines obligations spirituelles.

FIDÉLITÉ

En premier lieu, le prophète doit être fidèle à son appel. Par crainte, certains prophètes ne remplissent pas vraiment leur ministère. Ils oublient que le Dieu qui a accordé un travail donne aussi force et courage pour le faire fructifier. Bien sûr, le prophète connait des épreuves et des souffrances à cause de la parole que Dieu lui fait prononcer. Souvent, il endure une énorme tension nerveuse et spirituelle. Mais il doit être prêt à accepter le fardeau de la prophétie et à parler suivant que l’Esprit le pousse. C’est seulement quand il se met en action qu’un ministère peut être en bénédiction pour les autres. Tant que le vase qui contenait le parfum était resté intact, il ne servait à rien. Mais quand il a été brisé, que le contenu a été répandu sur Jésus, l’air a été parfumé et tous ceux qui étaient dans la maison en ont profité. Si le prophète se contente de vivre pour lui-même enterrant son talent, il ne fait de bien à personne.

Mais s’il sacrifie sa vie sur l’autel du service, il donne des messages qui édifient les membres de l’église.

APPROFONDISSEMENT

C’est le devoir du prophète et de celui qui exerce le don de prophétie de développer et d’approfondir son ministère ou son don. L’homme appelé par Christ à être prophète ne devrait jamais se contenter de délivrer des messages superficiels, mais il devrait chercher à exceller, pour l’édification de l’église.

Le prophète doit grandir dans son appel. Il peut donner des messages prophétiques très généraux et vagues, mais il peut aussi, à l’opposé, se mouvoir sur un niveau élevé et devenir une grande source de bénédiction pour l’église. Pour cela, il doit se préparer à recevoir des révélations plus profondes et à les transmettre d’une façon plus dépouillée de l’humain. Alors ceux qui écouteront les paroles de la prophétie progresseront dans la connaissance des choses de Dieu. Le développement du prophète passe par le développement de sa foi.

L’Écriture dit qu’on « doit prophétiser selon l’analogie de la foi » (Rm 12.6). Plus la foi de celui qui prophétise est grande, plus grande est la qualité et la profondeur de la prophétie. S’il désire être une plus grande bénédiction pour l’église, le prophète doit laisser grandir sa foi en Dieu.

SAINTETÉ

La troisième qualité que le prophète doit cultiver, c’est la sainteté. Les dons ne suffisent pas pour faire un prophète utile. Si l’homme qui les a reçus n’est pas spirituel, les dons les plus brillants et les plus étonnants ne servent à rien. L’homme appelé et équipé par Dieu pour ce ministère doit se montrer digne de son appel. Il doit être authentiquement spirituel, marchant selon l’Esprit; être intègre, au-dessus de tout soupçon; refléter dans sa vie la justice de Dieu s’il veut donner une parole de Dieu épurée. Tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, la sainteté était une caractéristique du prophète. Ce même caractère doit se retrouver dans la vie du prophète d’aujourd’hui. C’est nécessaire pour que le péché de l’homme n’entrave pas la délivrance correcte de la parole de Dieu donnée par le Saint Esprit.

PRIÈRE

Quatrièmement, le prophète doit développer sa vie de prière. Tous les chrétiens devraient prier chaque jour, mais le prophète devrait prier plus que les autres. Son ministère consiste à parler aux hommes des desseins de Dieu; Il doit donc auparavant parler à Dieu. Il lui appartient de chercher donc la face de Dieu clans le secret de sa chambre, mais aussi de participer aux réunions de prière de l’église. Par cette vie de prière, il apprend à connaître Dieu et son esprit se met à l’unisson de l’Esprit de Dieu. Vivant avec Dieu, il est prêt pour le service prophétique.

MÉDITATION

Finalement, la vie du prophète doit être faite d’étude et de méditation de l’Écriture, particulièrement des livres prophétiques. Le prophète qui veut élever le niveau de sa prophétie doit vivre en compagnie des prophètes bibliques et s’imprégner de leurs messages. Il ne fait aucun doute que la prophétie sera enrichie par une telle méditation.

Ainsi pour bien remplir son ministère, pour affirmer sa vocation, le prophète doit s’imposer des obligations qui vont en faire un homme à part.


Le prophète et sa fonction

T.N. TURNBULL (la foi victorieuse)

Eph. 4.11 « Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes… »

Dans ce passage, nous lisons que lorsque Christ a emmené captive la captivité (Eph. 4.8, trad. Darby) et a libéré ceux qui étaient liés par les chaînes du péché, il a fait des dons à Son Église, les uns comme apôtres, les autres, comme prophètes. Ces dons sont nécessaires dans l’Église, afin que celle-ci puisse accomplir sa tâche et remplir la mission à laquelle elle est appelée. Aucun de ces dons ne doit faire défaut à l’Église si celle-ci doit accomplir parfaitement le plan de Dieu.

Le prophète est dans l’Église un homme à part, chargé de remplir une fonction spéciale. Son ministère dans l’Église est unique. Dans le Nouveau Testament, nous voyons les prophètes donner des conseils et des directives même aux apôtres. Paul lui-même, lorsque cela était nécessaire, a été dirigé par les paroles des prophètes. Nous avons déjà vu (voir n° 8-9, page 6) que le don de prophétie a été donné pour l’édification, l’exhortation et la consolation, mais le ministère de prophète est lié à celui de l’apôtre. L’un et l’autre sont complémentaires lorsqu’il s’agit de donner des directions dans l’Église.

  1. Premièrement, le prophète dans le Nouveau Testament, et sous l’inspiration du Saint-Esprit, a donné des directives relatives au choix des serviteurs dans l’Eglise.

Avant la Pentecôte, les apôtres étaient appelés par Jésus lui-même. Dans les Actes des Apôtres, nous lisons que les membres de l’Église ont choisi sept hommes remplis de l’Esprit Saint et de sagesse et dont on rendait un bon témoignage et ce choix fut approuvé ensuite par les apôtres (Actes 6). Jusqu’alors, le ministère de prophète n’est pas encore mentionné. Ceux-ci ne sont nommés qu’à partir du onzième chapitre. Dans Actes 13.2, il est dit qu’il y avait des docteurs et des prophètes et qu’ils adoraient Dieu dans leur ministère, lorsque le Saint-Esprit parla et dit « Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés ». Des prophètes étaient présents quand le Saint-Esprit a parlé et comme c’est toujours par le canal des prophètes que Dieu a parlé à Israël et à l’Église, il y a tout lieu de penser que c’est par le moyen de ces prophètes présents à Antioche que Dieu s’est exprimé de la sorte.

D’après I Tim. 1,18, nous lisons que Timothée a été désigné par prophétie pour une certaine œuvre à laquelle Dieu l’a appelée, l’œuvre d’un serviteur de Jésus-Christ. Si on étudie ainsi le Nouveau Testament sans parti pris, on y découvre d’une façon indubitable que des serviteurs de Dieu étaient appelés par les prophètes de même que par d’autres moyens.

  1. Deuxièmement, dans le passage des Actes 13.2, nous voyons Barnabas et Saul envoyés pour accomplir leur premier voyage missionnaire, l’œuvre à laquelle ils avaient été appelés. C’est aussi à ce moment que le Saint-Esprit a révélé quelle était la charge qui était confiée à Paul : il devait désormais être l’Apôtre des gentils. Jusqu’alors, ces deux frères étaient désignés comme docteurs et prophètes (Actes 13.1). Mais dans Actes 14.14, juste après, ils sont désignés comme apôtres. Paul introduisit le christianisme en Europe et les conséquences de son ministère sur ce continent ont été incalculables, La parole prophétique suivie d’une obéissance immédiate devait donner lieu à des résultats immenses. Ainsi le prophète a non seulement appelé des hommes dans un ministère particulier ; il a donné également des directives précises quant à leur travail particulier dans la vigne de Dieu.
  2. Troisièmement, le ministère prophétique dans ce premier siècle de l’Église avait encore une autre portée : à ceux qui en exerçaient la charge, il était donné de pouvoir comprendre et interpréter les doctrines de l’Écriture. Jésus lui-même avait promis que lorsque le Saint-Esprit viendrait, il parlerait comme un guide dans l’Église, et conduirait les disciples dans toute la vérité. Aux prophètes, comme aux apôtres, était donnée la révélation du corps de Christ (Eph, 3.5,6). Les prophètes furent aussi employés pour confirmer le conseil de Jérusalem dans les doctrines déjà définies par les apôtres et les anciens (Actes 15.321. La parole prophétique n’ajoute ni ne retranche jamais rien à l’Écriture, mais elle met en lumière la vérité qui s’y trouve et la confirme.
  3. Quatrièmement, les paroles des prophètes ont une valeur inestimable pour le perfectionnement des saints (Eph. 4.11,12). Il reste encore beaucoup à faire pour cela et les prophètes, comme les autres ministères, ont un rôle vital à jouer dans ce domaine. La fonction première des prophètes aujourd’hui consiste à nous exhorter pour que nous soyons comme Christ.Nous sommes heureux de dire que le ministère prophétique de nos jours a été une puissance pour la sanctification de nos vies. Par les paroles de Christ, à travers celles du prophète, nos cœurs ont été transformés de gloire en gloire. Il nous a lavés par la parole et il nous a communiqué les fruits de la justice.
  4. Finalement, les prophètes, comme leur nom le suggère, sont utilisés par Dieu pour prédire l’avenir. Dans le Nouveau Testament, les prophètes ont annoncé des événements qui devaient s’accomplir. L’esprit de Dieu a informé l’Église par le prophète Agabus qu’il y aurait une grande famine dans tout le monde connu d’alors (Act. 11.28). C’est aussi par ce prophète que Dieu révéla à Paul ce qui devait lui arriver à Jérusalem (Actes 21.11).

Prédire l’avenir ne représente pas la partie la plus importante du ministère prophétique, mais c’en est une partie indispensable et nous pouvons nous attendre à entendre ce genre de prophéties de nos jours, de même que tous les autres genres de prophéties mentionnés plus haut.

Ce sont là, par conséquent, certaines des raisons pour lesquelles Dieu nous a accordé le ministère de prophète dans l’Église.


HABACUC OU LA JUSTICE DE DIEU (J. Gloaguen)

Quel homme peut dire que le monde dans lequel il vit ne pose aucune question à sa foi?

Que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes? Ce serait vouloir délibérément ignorer les nombreuses injustices que nous pouvons constater et qui ne sont qu’un aspect du problème du mal dans le monde. Problème insoluble, éternellement soulevé? Oui, pour celui qui n’a pas la foi; non, pour celui qui, à la suite d’Habacuc, se tourne vers Dieu pour lui en demander la solution. Ce prophète nous ouvre le chemin du dialogue à la fois hardi et respectueux avec le Seigneur. Quelque chose lui échappe-t-il dans la façon dont Dieu agit envers son peuple d’Israël ou envers les autres nations, sa prière monte aussitôt, interrogative: Jusques à quand? Pourquoi? Il nous entraîne ainsi à la découverte des plans du Seigneur et des mobiles profonds qui les motivent.

« Jusques à quand supporteras-tu ton peuple »!

Première question qui jaillit du cœur du prophète. Elle exprime la souffrance constamment renouvelée d’un homme de Dieu qui doit vivre au milieu d’un peuple qui a abandonné

Dieu. Le tableau que nous donne cette première plainte du prophète (1:2-4 ) présente une société corrompue. La violence sévit dans le pays exercée par ceux qui détiennent le pouvoir. Les querelles, la discorde s’élèvent, troublent la paix intérieure. La loi, elle-même sous son aspect social comme sous son aspect religieux, est méprisée par ceux qui doivent rendre la justice et qui ne prononcent plus que des jugements iniques. C’est le portrait du peuple d’Israël, un peuple mûr pour les jugements du Seigneur. Nous comprenons ainsi fort bien la question du prophète: jusques à quand Seigneur toléreras-tu l’injustice au milieu de ton peuple? La réponse de Dieu ne tarde pas (1:6-11 ). Regardes parmi les nations, ce qui va se passer. Je vais susciter le peuple des Chaldéens, pour qu’il devienne un instrument de justice entre mes mains. Ces Chaldéens, dont la croissance rapide devait étonner Israël, acquièrent leur indépendance lorsque le roi Nabopolassar réussit à libérer Babylone du joug des Assyriens.

Puis la chute de Ninive, la capitale assyrienne est pour lui le départ d’une expansion rapide.

Il ne présentait pourtant pas un danger pour le royaume de Juda jusqu’à ce que le fils de Nabopolassar, le célèbre Nébucanedsar, eut vaincu le pharaon Néchao à la bataille de Karkemish. Dans leur marche vers l’Égypte, les Chaldéens devaient balayer le petit royaume de Juda. Jérusalem tombait pour la première fois en leurs mains en 597. Ainsi Dieu fut non seulement prompt à répondre au prophète, mais encore à accomplir la parole annoncée. C’est pourquoi le prophète est exhorté à attendre l’accomplissement de sa prophétie. Vivant dans la période trouble du règne de Jojakim, Habacuc est contemporain de Jérémie avec qui il a en commun un amour profond pour son peuple, amour qui le pousse à poser sa deuxième question.

 Pourquoi les Chaldéens, Seigneur?

Ne sont-ils pas encore plus mauvais que ton peuple (l :12-17 )? Eux qui dévorent les nations et qui sont heureux de dévorer, eux qui déifient leur force et qui méprisent Dieu. Ce qui revient à poser à Dieu la question des moyens qu’il emploie dans son gouvernement des nations. Question qui s’élève aussi dans nos cœurs quand nous voyons le faible opprimé. Dieu répondra-t-il à une telle question?

En réalité, il n’a aucun besoin de se justifier et il ne le fera pas. Le prophète en attente à son poste recevra pour toute réponse l’assurance que ces choses se passeront et qu’il en sera témoin (2 :l-3 ). Mais s’il ne répond pas directement Dieu entrouvre pour son serviteur le voile de l’avenir et cet avenir à lui seul fera disparaitre la difficulté.  Que dit-il? Que le jugement est prêt contre les Chaldéens, jugement qui trouve sa justification dans les cinq railleries en forme d’énigmes qui commencent par  » malheur «  (2:4-20 ). Parce que mon âme s’est enflée, ce peuple sera lui aussi châtié. Ceci pose de nouveau le problème. Les Chaldéens seront vaincus par d’autres (l’histoire nous apprend qu’il s’agira des Perses) mais ces derniers seront-ils meilleurs que leurs prédécesseurs? Nous sommes alors lancés dans un cycle perpétuel qui fait rebondir la question d’empire en empire: Perses, Grecs, Romains.

Quand cela finira-t-il?

C’est ce que le Seigneur fait entrevoir à son prophète dans la vision du chapitre 3. Dieu vient; sa gloire remplit toute la terre; il fait trembler les nations; l’Éthiopie et Madian sont dans l’épouvante. Il ne s’agit pas ici du châtiment des Perses successeurs des Chaldéens, nous sommes plus loin dans le temps. Il ne s’agit pas non plus d’un nouveau peuple qui intervient sur la terre, mais de la venue du Seigneur lui-même. Il vient comme un guerrier et écrase les nations, pour finalement délivrer son peuple. C’est là que l’histoire des nations trouve son point final. Et c’est à la lumière de cet évènement que nous pouvons comprendre les différentes interventions de Dieu dans le monde. Ceci n’empêche pas. Habacuc de souffrir à la pensée des maux qui vont inexorablement fondre sur son peuple, comme ceci ne devrait pas nous empêcher de compatir à la souffrance qui nous entoure. Mais une telle vision de l’avenir lui permet et nous permet de marcher « sur nos lieux élevés«  et de nous réjouir dans le Dieu de notre salut qui est aussi celui dont la sage main gouverne le monde.

 

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