Excommunier, est-ce biblique ?

MATT-18 15

©mai 2019 – Albert Leclercq – Question du jour : Est-ce que le fait d’excommunié un frère, une sœur en Christ, ou un pasteur de l’Église, est biblique?

La question est importante, elle fait partie de ce qu’on appelle la discipline dans l’église. Le mot « excommunier » ne se trouve pas dans la Bible. L’histoire de l’église a malheureusement trop d’histoire d’excommunications et de divisions, qui ont ternie son image et blessé le Corps de Christ.

Rappelons que le rôle premier de l’Église est de proclamer la Bonne Nouvelle et d’enseigner aux nouveaux baptisés tout ce que Jésus nous a enseigné. (Matt 28.18).

La vraie question est de savoir comment appliquer une discipline dans l’église ; de savoir comment agir si un frère pèche et que vous vous en rendiez compte. C’est le cas traité dans Matthieu 18:15-17 : « Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. 16 Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. 17 S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église ; et s’il refuse aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. »

Ces versets se trouvent dans le chapitre où Jésus parle de l’église qui traite du péché et comment le gérer dans l’église. Remarquons que le but de ces versets est toujours de ramener le pécheur à la repentance.

Il y a trois niveaux d’intervention dans ce passage.

  1. « Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. » La première étape quand on se trouve devant un frère qui a péché n’est pas de l’excommunier, mais de la gagner. Il faut bien faire la différence car il nous faut agir, non par vengeance, mais dans la vérité. Les deux parties ont besoin de se confronter pour qu’il puisse comprendre en quoi il a péché, et tu as besoin de l’entendre, car certains actes qu’on qualifie de péché peuvent être mal interprété et nous aurons alors à revenir de notre jugement, nous ne sommes pas infaillibles. Mais si ta motivation est bonne et si tu dénonces le péché, et que tu n’arrives pas à gagner ce frère ou cette sœur (c’est l’objectif premier), il faut passer au deuxième point
  2. « Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins ». Pour passer à cette deuxième phase, je ne vois pas qu’il faut se fâcher et l’annoncer en public. Une deuxième étape faite dans l’amour et le calme est nécessaire. Prends avec toi deux ou trois témoins (comme la loi le demandait) et tu refais la démarche avec l’aide du Saint-Esprit. Ne t’empresse pas à le rejeter, ce n’est pas ton rôle. Encore une fois, tu fais tout ce qu’il faut pour gagner ton frère et qu’il trouve le chemin de la repentance. Là encore, tu ne le rejettes pas, il existe une troisième étapes pour le gagner encore.
  3. « S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église ; et s’il refuse aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain ». C’est la dernière démarche. On rencontre l’église et on en parle. Si on en est arrivé là, la personne en question a eu le temps de prier et de se ressaisir. Mais si néanmoins, elle refuse de se laisser gagner. Il devient clair que ce n’est point une excommunication faite par l’église. Mais le pécheur se retire lui-même de la communauté des croyants qui suivent Jésus. Son entêtement face à l’ensemble de l’église, signe son retrait de la communauté. Il nous est demander de le traiter comme un « païen », non pour le juger et l’amener en justice humaine, mais ce geste doit être vu comme une mesure pour que la honte le pousse à la repentance, jamais comme un sujet de condamnation.

Malgré tout ce domaine est très délicat. La chair fait son œuvre dans les deux camps et beaucoup ont péché dans cette démarche, car il n’arrive pas à rester soumis au Saint-Esprit. Soit en ne faisant pas tout pour gagner les pécheurs, soit en enchérissant et en s’excommuniant l’un l’autre. Cela n’a aucun sens biblique. Ce processus doit se passer dans l’amour et la vérité. Il a malheureusement servit à nourrir des guerres internes qui ne sont pas le reflet de la volonté de Dieu.

Autre passage

Les tenants de l’excommunication s’appuient aussi sur le passage de 1 Cor 5.11 « Maintenant, ce que je vous ai écrit, c’est de ne pas avoir des relations avec quelqu’un qui, se nommant frère, est impudique, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel homme. ». Ce passage montre qu’il existait une discipline ferme dans la première église. Si un chrétien continuait à vivre dans le péché et dans l’impudicité ; si les mesures avaient été prises pour le gagner et que celui-ci refusait toute démarche de repentance et de changement, il s’excluait lui-même et on ne le fréquentait plus !

La question est de savoir comment la coupure était vécue. Le chrétien ne doit-il ne plus avoir de contact avec un frère en état de recul ? Il semble que non, cette exhortation de Paul n’est pas donnée de manière absolue. Paul nous propose de couper court avec ceux qui continue à dire qu’ils sont en ordre, et donc de ne plus manger dans ce cadre avec un tel homme. Certains ont compris cette injonction comme une interdiction de manger avec tout inconverti. Ce n’est évidemment pas ce que Paul veut dire, sinon tous les chrétiens s’exclueraient de toutes relations sociales, ce qui n’est pas dans l’esprit de l’Évangile et l’envoi des disciples  de Jésus dans le monde.

Concernant les Témoins de Jéhovah, l’Unadfi en France (l’Union Nationale des Associations d’aide aux Familles et des Individus victimes des sectes), qualifie la pratique de l’excommunication dans ce groupe, comme une atteinte aux droits de l’homme. Les fautes graves et le retrait volontaire vous conduisent à l’excommunication, y compris la pratique de la transfusion sanguine et la remise en question de leur fonctionnement. Toute personne exclue voit ses relations, avec les propres membres de sa famille (qui reste dans la secte), interdites. Cette position  a mené à des drames familiaux et des pressions insupportables sur ceux qui voulaient en sortir.

Il est clair que ce n’est absolument pas ce que la Bible nous demande. Le but de toute discipline est de ramener le pécheur à Jésus et non pas de l’éloigner du Sauveur. Les mesures de disciplines doivent se faire dans l’amour et la fermeté.

Que le Seigneur nous aide à faire progresser l’Église dans le monde entier !


©mai 2019 – Albert Leclercq – L’excommunication ! Est-ce biblique ?

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