Quel Gouvernement pour l’Église ?

Psaumes-23v1© septembre 2019 – Albert Leclercq – Quel gouvernement pour l’Église ? –

Il nous semble étranger d’utiliser ce terme pour désigner l’organe de décision qu’on retrouve dans nos églises. Et pourtant, il doit bien y en avoir un ! Certains argueront que c’est Dieu qui doit être l’autorité sur le l’Église ; Jésus étant désigné comme « le chef de l’Église » (Eph 5.23), mais on voit que Jésus désigne lui-même les douze apôtres et qu’aucun passage dans le NT nous désigne la forme « normative » que devrait avoir ce « gouvernement ». Ce qui explique la grande variété qu’on trouve dans les différentes dénominations actuellement.

Ce qu’il n’est pas !

Par conséquent, il est bon de commencer en disant ce qu’il n’est pas. Ce gouvernement ne fonctionne pas comme celui des hommes « Il n’en sera pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur » (Matt 20:26). Par conséquent, l’Église n’est ni autocratie (une seule personne exerçant un pouvoir absolu), ni une oligraphie (un groupe de personne exerçant cette autorité absolue), ni une démocratie (l’ensemble des membres), mais elle est une « christocratie », dans le sens que c’est le Christ lui-même qui a pleine autorité sur son corps par son Esprit.

Un retour vers l’histoire de l’église

Une étude de l’histoire de l’Église nous montre que d’un organisme vivant (Emile Brunner l’appelle « l’Ecclésia »), l’église s’est institutionnalisée pour former une organisation lourde qui a déplacé l’autorité entre les mains d’hommes. Le théologien cité dit que l’Église actuelle n’est plus l’Ecclésia du départ, mais est devenue le vase qui la contient.

Très vite au IIème siècle, les écrits des Pères de l’Église (comme la didaché), montrent que la place de l’évêque va prendre une importance beaucoup trop grande en mettant en cause le sacerdoce universelle des croyants que l’écriture proclame (que nous sommes tous rois et sacrificateurs – prêtres Ap 1.6, 20.6)

Nous voyons émerger l’épiscopat monarchique, où toute la direction de l’Église est donnée aux évêques qui garantissent la transmission de la saine doctrine, se construisant sur la succession apostolique (on affirmait que les apôtres avaient transmis leur autorité à leurs successeurs par imposition des mains, que ces derniers avaient fait de même, etc.; qu’ainsi une ligne ininterrompue de transmission de pouvoir reliait les apôtres à ces évêques). C’est cette déviation qui a donné naissance à l’église catholique romaine avec le pape à sa tête.

Là, la direction de l’église comme on le trouve dans les Actes et les Épîtres n’existe plus. Elle est remplacée par un système pyramidale où l’évêque prend la tête, aidé par un structure solide (composée de prêtres, moines,…) et toute la vie religieuse passe entre les mains de « spécialistes ». C’est la fin du « Sacerdoce  Universelle » de tous les croyants.

Le changement de la Réforme

C’est au XVIe siècle que le changement devint perceptible. En revenant aux Écritures, les réformateurs, tant Luther et Calvin, vont remettre au centre les normes de la vie chrétiennes et de l’Église. En résumé, pour eux, l’Eglise véritable est là où

  • l’Évangile est prêché fidèlement
  • les sacrements sont administrés dans l’esprit de l’Évangile
  • les structures de l’Eglise reproduisent le modèle des origines.

Mais le dernier point devait encore subir des changements profonds pour revenir pleinement au modèle néo-testamentaire. « Regarde, et fais d’après le modèle qui t’est montré sur la montagne » (Ex 25.40. C’est ce que nous proposons de faire.

Les trois grands modèles

L’histoire de l’Église propose trois grands modèles de gouvernement d’églises. Nous allons les exposer et en faire l’analyse par après.

  • Dans les Eglises de type presbytérien, les églises locales sont dirigées par un conseil d’anciens (du grec « presbuteros »: ancien) et aux niveaux régional et national par des synodes, sortes de parlements représentatifs des paroisses. C’est la forme de gouvernement de l’Eglise Réformée, entre autres.
  • Dans les Eglises congrégationalistes, chaque communauté locale est entièrement autonome, c’est-à-dire qu’elle règle toutes ses questions par le vote de ses membres; la seule forme de communion entre assemblées est une fédération, à laquelle les assemblées sont libres d’adhérer ou non. Suivent ce type d’églises par exemple, la Fédération Baptiste et le Mouvement de Pentecôte dans la plupart de ses embranchements.
  • Dans les Eglises de type épiscopal, l’autorité est aux mains de la hiérarchie: évêques, conférences d’évêques, voire archevêques (pour l’Eglise Anglicane, l’Eglise méthodiste), conciles, patriarches, papauté (pour les Eglises orthodoxes orientales et l’Eglise catholique romaine).

 

DIVERSES FORMES DE GOUVERNEMENT DES ÉGLISES
Forme Adhérents Autorité Bases
Presbytérienne
Presbytériens
Réformés
Anciens
Actes 20.17
1 Timothée 5.17
Tite 1.5
Congrégationaliste
Congrégationalistes Baptistes
Mennonites
Évangéliques libres
Congrégation
Actes 15.12, 22-25
Colossiens 1.18
1 Pierre 2.9
Épiscopale
Catholiques romains
Orthodoxes
Épiscopaliens
Luthériens
Méthodistes
Évêques
Actes 6.6; 14.23
Galates 1.19 ; 2.9

 

Les sphères d’autorité

 Une lecture attentive des écritures nous prouve que Paul se force à établir des anciens dans chacune des églises qu’il fonde. L’Église Apostolique serait donc une église « presbytérienne », dans le fait que c’est aux anciens à diriger le troupeau, à y assurer un enseignement et à prendre soin du troupeau. Les membres ne sont pas oubliés, car ils exercent eux aussi leur sacerdoce universelle, en étant les adorateurs et les évangélistes que Dieu désire.

Mais il y a aussi une autre vérité qui se dessine quand on lit les Actes et le NT ; c’est que les cinq ministères spécifiques (voir l’étude sur le sujet) d’Éphésiens 4.11 : « Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs », (qui restent les dons que Christ donne à l’église, alors que les dons spirituels sont données par le Saint-Esprit et les miracles et actes de puissance sont donnés par le Père) ; ces « dons ministères » exercent leur autorité dans une sphère plus large, dont le premier concile de Jérusalem dans Actes 15 en est un exemple. Les apôtres et les anciens se retrouvent ici dans le cadre d’une question qui touche l’ensemble des communautés et ce problème ne peut être résolu dans le cadre d’une église locale. Il y a donc un autre domaine de décision. Au niveau international, l’Église Apostolique se présente donc comme une église « épiscopale ».

C’est le pasteur Jacques Gloaguen, reconnu dans son ministère de docteur qui affirme. « La spécificité de l’Église Apostolique, est qu’au niveau locale, elle est dirigée par des anciens (selon le modèle presbytérien), mais qu’au niveau extra locale, elle est dirigée par les 5 ministères, selon le modèle épiscopalien »

Pour revenir sur les cinq dons ministères d’Éphésiens 4, il est intéressant de remarquer qu’on trouve la réalité de ces ministères dans l’Église Apostolique. Ce n’est donc pas seulement les apôtres qui dirigent, mais un ensemble de ministères afin que Christ soit pleinement glorifié dans tous les aspects de son œuvre ici bas et maintenant.

Il est de la plus haute importance que l’Eglise saisisse clairement la volonté de Dieu sur ce point; c’est une condition indispensable si elle veut pouvoir fonctionner pleinement comme l’Ecclésia, où Christ qui possède pleinement lui-même les cinq ministères et le ministère d’ancien, se donne en personne à l’Eglise au travers de ces ministères.

  • Christ est le grand apôtre (Hb 3.1) et il se donne lui-même au monde comme apôtre, au travers des apôtres qu’il donne à l’Eglise.
  • Christ est le grand prophète (Mt 21.11; Ac 3.22), qui se donne lui-même comme prophète par le ministère des prophètes.
  • Christ est le grand évangéliste (Mt 18.11; Lc 4.18), qui est le message tout en étant le messager du Père
  • Christ est le grand pasteur (Jn 10.11; 1 P 2.25), qui s’est donné pour son Église
  • Christ est le grand docteur (Jn 3.2), qui enseigne et dirige ses troupeau dans les verts pâturages.

Ce n’est que dans la mesure où l’Eglise s’ouvre à ces ministères que Christ pourra se donner lui-même à l’Eglise comme Tête, et au monde comme Sauveur.

Trop d’églises vivent avec un gouvernement qui ne reflète pas la beauté et la diversité du Seigneur Jésus. Osons nous placer devant sa face pour recevoir de lui ses directives et son autorité. Son Église lui appartient et Jésus désire la diriger comme il le veut, selon le modèle qu’il désire. Prions pour ôter tout feu étranger dans notre manière de le servir et de comprendre son autorité dans l’église aujourd’hui.

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© septembre 2019 – Albert Leclercq – Quel gouvernement pour l’Église ? –

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