Prêcher la Parole

Preche© Oméga France N° 4 – Prêcher la Parole –

Avant de donner ses ordres aux disciples en disant : « Allez », le chef de notre salut a dit : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre ». (Matt. 28; 18-19).

  • Toute véritable prédication de l’Évangile est née de ce MANDAT.

Si nous ne sommes pas conscients de ce fait, nous, ainsi que notre message, serons sans autorité.

En tant que prédicateurs de la « Bonne Nouvelle », nous sommes appelés à envahir un « territoire ennemi » et l’armée d’invasion (les prédicateurs de la Parole) pourrait sans doute être interpellée par « les occupants du territoire ». « Qui êtes-vous ? Qui vous a envoyés ? et Que voulez- vous ? ».

Les 7 fils de Scéva qui tentaient de chasser le démon d’un homme, furent interpellés par l’esprit mauvais, disant : « Je connais Jésus, je connais Paul, mais vous, qui êtes- vous ? »

Et au lieu que l’esprit mauvais fuie devant eux, c’est eux qui fuyaient devant le démon. Pourquoi ?

Parce qu’ils n’avaient pas reçu de mandat. L’apôtre Paul a dit : « Et comment y aura-t-il des prédicateurs s’ils ne sont pas envoyés » ?

  • Tout homme qui prend la Bible pour prêcher, devrait avoir la certitude qu’il est envoyé de Dieu. Il est dit de Jean-Baptiste : « Il y eut un homme, envoyé de Dieu » (Jn 1;6).

L’homme qui monte en chaire devrait avoir le mandat donné par Dieu, sinon il pourrait être de ceux dont Dieu dit : « Je n’ai point envoyé ces prophètes et ils ont couru. Je ne leur ai point parlé et ils ont prophétisé » (Jér. 23;21).

  • Ensuite vient la MÉTHODE de la prédication.

Nous ne pouvons pas perdre de vue que la croix doit être le centre même et de nos méthodes et de nos messages.

Il est si facile pour le prédicateur de perdre la vision de la Croix et de s’égarer sur les chemins sans issue de la philosophie humaine et du rationalisme.

De toutes les méthodes, celle qu’utilise Christ lui-même est de loin la meilleure : « … si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt … » (Jn 12; 24).

  • Dès lors, nous pouvons prier comme jamais auparavant : « Seigneur, aide-nous à nous identifier à ce grain de blé, afin que dans notre propre méthode de présenter Christ, ainsi que dans notre MESSAGE, nous puissions présenter aux yeux des hommes Christ crucifié ».

Paul a écrit aux Corinthiens : « Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ et Jésus- Christ crucifié » (1 Cor. 2; 2).

« Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, c’est Jésus-Christ, le Seigneur que nous prêchons » (2 Cor. 4;5).

C’est ici l’immense tâche du prédicateur qui est appelé à être un témoin pour Christ.

Un théologien a dit ceci : « Aucun homme ne peut rendre témoignage en même temps de Jésus-Christ et de lui-même ». Notre Évangile a cessé de saisir les cœurs des hommes parce que nous utilisons le langage du compromis.

L’Esprit Saint oint uniquement l’homme qui vit sans compromis !

  • Notre MISSION.

Dès le début de son ministère, Christ était conscient de la Mission que le Père lui avait confiée : «  …les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir … » (Jn 5;36).

A l’âge de 12 ans, il dit à ses parents : « Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père ? » (Lc 2; 49).

Il n’a jamais perdu de vue Sa Mission, c’est pourquoi il pouvait dire à la fin de Sa vie : « … j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donné à faire » (Jn 17; 4).

Ainsi donc, en tant que prédicateurs de l’Évangile, restons toujours conscients de la Mission qui nous est confiée selon ce que disait l’apôtre Paul : « C’est lui que nous annonçons, exhortant tout homme et instruisant tout homme en toute sagesse, afin de présenter à Dieu tout homme, devenu parfait en Christ. C’est à quoi je travaille, en combattant avec Sa force, qui agit puissamment en moi » (Col. 1; 28-29).

Benjamin Selvaratnam


Un héraut passionné : l’évangéliste

Le ministère de l’évangéliste est très populaire. Des foules attendent son message et la grande majorité des chrétiens est, du moins en théorie, favorable à l’évangélisation. Beaucoup sont superficiellement intéressés, quelques-uns sont ouvertement enthousiastes. Tous sont conscients d’un grand besoin qui ne peut être satisfait par les possibilités humaines. La stratégie de Satan ne peut être tenue en échec que par des interventions divines ; l’étranglement de notre monde ne peut être brisé que par la puissance de Dieu. Que le Saint- Esprit illumine nos cœurs et inspire de nouveau à chaque membre du Corps de Christ un désir sincère et profond de voir des hommes sauvés de la peine et de la puissance du péché. Christ vint dans ce but : détruire les œuvres du Diable dans les vies humaines, chercher et sauver ce qui était perdu, régénérer par son Esprit ceux qu’il a réconciliés avec Dieu par sa mort. C’est à un ministère semblable que, dans le passé, de vrais évangélistes ont été appelés et auquel ils se sont consacrés. Ce ministère se continuera jusqu’au retour du Seigneur.

L’évangéliste, son message et sa mission occuperont nos pensées dans cet article.

  • L’HOMME

« Il y eut un homme envoyé de Dieu : son nom était Jean » (Jn 1:6).

Le dessein de Dieu est lié à un homme. Dieu a besoin d’hommes, Dieu choisit des hommes, Dieu cherche des hommes. Et quand il les a trouvés, il désire, avec leur coopération, les former pour qu’ils soient des vases à sa gloire, les instruments de son dessein.

Notre modèle est le Dieu- homme, notre Seigneur Jésus- Christ. C’est en tant qu’homme qu’il a vécu, prié, prêché, souffert, qu’il est mort et est ressuscité. Un homme rempli du Saint-Esprit, « qui allait de lieu en lieu faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l’Empire du Diable » (Act 10;38). Il révéla le profond amour du père pour le fils prodigue. Il était ému de compassion pour les multitudes.

Il se donna littéralement lui-même, sans réserve, afin que d’autres puissent vivre.

Mes frères, et je m’adresse particulièrement ici à ceux qui sont appelés à cet important ministère d’évangélisation, à moins que nous ne soyons prêts à permettre à notre maître de manifester sa vie par nous, nous faillirons au plus haut point dans l’accomplissement de notre vocation. Nous pourrons prêcher, mais nous ne gagnerons pas d’âmes. Le prédicateur a plus d’importance que son sermon. C’est le prédicateur qui façonne le sermon, mais pour que celui-ci soit efficace, Dieu doit pouvoir façonner le prédicateur.

Quand il était sur terre, notre Sauveur était l’évangéliste par excellence. Qu’il s’adressât à la foule ou qu’il s’occupât d’un individu, sur la montagne ou sur la mer, dans la synagogue ou dans les rues de la ville, il faisait toujours preuve de la même entière consécration à l’œuvre de sa vie, du même complet abandon de tout ce qui aurait pu l’entraver, de la même mise en pratique des conseils de jeûne et de prière qu’il donnait aux autres. Après avoir accompli l’œuvre d’expiation qui fournit la base d’une annonce de l’évangile, il est monté dans la gloire. Mais il demeure aujourd’hui le même qu’il était l’hier lors de son expérience terrestre. Il garde pour le pécheur ce même amour qui le conduisit au Calvaire ; cette même compassion jaillissante pour l’égaré ; ce même désir de délivrer de la puissance de Satan : péché et maladie. Ces sentiments devaient pouvoir s’exprimer, aussi lisons-nous dans Ephésiens 4; 11 que de son trône de gloire, “il a donné les uns comme évangélistes”, des hommes oints du même Esprit, brûlants du même zèle, remplis du même désir passionné, des homme qui continuent l’œuvre commencée, qui apportent la délivrance aux captifs et aux aveugles le recouvrement de la vue (Luc 4;18), qui annoncent l’année de grâce du seigneur : l’Évangile de sa grâce.

Vous discernerez votre appel, mes frères ! Ce n’est pas un amusement d’enfants que l’on peut prendre à la légère, mais une tâche prodigieuse qui exige une sainteté absolue car personne ne peut chasser le démon de la vie d’un autre s’il lui accorde un pied-à-terre dans sa propre vie. Elle demande la séparation la plus complète d’avec les choses de ce monde et une totale consécration à l’appel divin.

C’est à ces conditions que nous pourrons attirer vers des mondes plus lumineux et montrer le chemin.

Il est heureux l’homme qui reçoit ainsi la tâche de représenter L’HOMME Conscient de l’appel divin à annoncer l’évangile de Christ (2 Cor 2:12), désireux en conséquence de cette puissance de l’esprit par laquelle seul l’appel peut devenir efficace. L’évangéliste a moins besoin de dispositions naturelles que d’un équipement spirituel, moins d’éloquence humaine que de lèvres purifiées par le feu, moins de technique psychologique que de fonction divine”, moins de contact populaire que d’une passion brûlante pour l’âme des hommes.

  • LE MESSAGE

Quel est le message ? Actes 8;5 nous donne la réponse en un seul mot. Nous y voyons au travail Philippe, l’évangéliste, le seul ainsi appelé dans les Écritures (Act.21;8). Nous lisons : « Philippe étant descendu dans une ville de la Samarie y prêcher le Christ ». Tout l’Évangile en un seul mot ! Bien sûr, le prédicateur utilisera plusieurs mots, il habillera ses pensées d’un langage accessible à ses auditeurs et les illustrera, comme le fit le Maître avant lui, par des références à des incidents ou des expériences connues de tous. Mais son message sera Christ ! La prédication de Philippe présentait le Sauveur !

C’est encore vrai de Pierre, comme en témoigne son message dans la maison de Corneille, un sermon qui eut pour résultat le salut de tout l’auditoire (Act.10;44 et 11; 14).

Puis, pensons à Paul qui n’avait pas honte de prêcher l’Évangile. A. l’occasion, il changeait l’empennage de ses flèches : « Christ crucifié » aux Corinthiens ; « Jésus et la résurrection » aux Athéniens. Mais tout son message était résumé en une personne. Cela vaut mieux que la moderne sermonette populaire qui chatouille les oreilles mais qui trouble rarement la conscience.

« Jésus seul » était le thème continuel de ces premiers pionniers de la foi chrétienne. Nous devons suivre leur exemple car le Saint-Esprit ne confirmera pas un autre message. Il ne met son sceau que sur cet évangile.

Jésus seul : sauvant, guérissant, sanctifiant, Seigneur ; mourant pour nous réconcilier avec le Père ; ressuscitant pour notre justification ; vivant pour nous sauver parfaitement, revenant bientôt pour son peuple racheté par le sang, baptisé d’Esprit et l’attendant.

  • LA MISSION

Qu’il se consacre à plein temps ou non à son ministère, l’évangéliste est tenu de passer du temps dans la prière, s’imprégnant de l’Esprit de son Maître et prenant le fardeau des âmes. Puis il doit lire la parole de Dieu jusqu’à ce que le message le saisisse et brûle dans son propre cœur. Alors, et seulement alors, il est prêt à affronter les gens et à prêcher comme un mourant à des mourants. Avertissant, condamnant et exhortant ; s’il pouvait par quelque moyen en sauver quelques-uns !

C’est ce que fit Philippe en Samarie. Il prêcha avec de merveilleux résultats : « Il y eut beaucoup de joie dans la ville ». Joie des pécheurs pardonnés, joie des malades et des paralysés guéris, joie dans le ciel, remplissant le cœur du Seigneur qui contemplait le résultat du travail de son âme.

Actes 8 est le chapitre de Philippe. Le verset 35 nous le montre encore engagé dans l’évangélisation. A partir d’Esaïe 53, il prêche Jésus jusqu’à ce que l’eunuque croie, soit baptisé et continue son chemin tout joyeux.

Outre les pages de la Bible, l’histoire et notre propre expérience conservent le souvenir de plusieurs puissants ministres de l’Évangile : John Wesley, Georges Whitefield et de nombreux autres au cours des générations, des hommes qui, au nom de Christ ont frappé des coups de marteau puissants contre le péché jusqu’à ce que des hommes endurcis se courbent en tremblant sous le poids d’une conviction. Beaucoup, pleurant en chemin jusqu’au Sauveur, se relevèrent rayonnants pour marcher en nouveauté de vie.

Dieu soit loué pour des évangélistes oints de Dieu dans l’église, ces hérauts passionnés de la Croix, envoyés afin que des hommes croient, afin que dans notre génération plusieurs puissent être attirés hors du chemin du péché pour partager avec nous les bénédictions de notre héritage.

D.T. RENNIE


Tu connais les Saintes Lettres…

Les confessions de Jérémie

Nous nous sentons humainement plus proches de Jérémie qu’aucun des autres prophètes, sans doute parce que c’est celui dont nous connaissons le mieux la vie intérieure. Le livre qui porte son nom contient en effet, disséminés parmi des messages prophétiques, plusieurs passages qui nous font partager les sentiments, les luttes intimes, les souffrances que l’homme de Dieu a connus dans l’accomplissement fidèle de son appel.

On a cru voir dans ces passages des fragments d’un « Journal de Jérémie », mais l’existence même d’un tel journal est très hypothétique. Ce qui est certain, c’est que nous nous trouvons devant des passages d’un caractère très personnel qu’on a appelés à juste titre : « Les Confessions de Jérémie ».

Il s’agit de :

  • Jérémie 11; 18 – 23
  • Jérémie 12; 1-6
  • Jérémie 15; 10 et 18
  • Jérémie 17; 14 – 18
  • Jérémie 18; 18 – 23
  • Jérémie 20; 7-13
  • Jérémie 20; 14 – 18.

Les psaumes de la Passion

Ces passages, bien que conservés dans un livre prophétique, ne sont pas à proprement parler des prophéties (Dieu parlant directement aux hommes), mais sont surtout des plaintes en forme de prière (l’homme s’adressant à Dieu), même si parfois Dieu répond par de brèves interventions à la prière du prophète.

Ils sont ainsi très proches des psaumes qui nous ont conservé la prière de David et des autres psalmistes.

Mais comme la plupart des psaumes, les plaintes de Jérémie ont souvent une résonance prophétique.

Elles nous donnent, entre autres, une image de ce que souffrira celui qui sera par excellence l’homme de douleur, habitué à la souffrance : Jésus. Et si, dans sa souffrance, cet homme de douleur a été comme une brebis muette devant celui qui le tondait, » s’il n’a pas ouvert la bouche, les paroles de Jérémie, son précurseur prophétique, nous donnent une image, bien humaine parfois, de ce qu’il pouvait ressentir. Il est intéressant de noter à ce propos que la liturgie de l’Église Catholique utilise ces passages dans les offices de la Passion.

  • Jérémie 11; 18-23 « J’étais comme un agneau confiant qu’on mène à la boucherie.»

Les habitants d’Anatoth, le village sacerdotal d’où venait Jérémie, n’avaient aucune confiance en la mission divine du prophète et cherchaient à le faire taire, même s’il fallait pour cela le faire mourir. Jérémie était d’abord loin de s’en douter. Il avait une confiance instinctive envers ceux de sa famille.

Mais, lorsqu’il apprend le complot ourdi contre lui (19), il exprime sa confiance dans le Seigneur qu’il sert et auquel il a remis sa cause (20).

Les versets 21 à 23 apportent la réponse de Dieu sous forme d’une courte prophétie personnelle : le châtiment des gens d’Anatoth est fixé ; il approche.

Souffrance de la découverte de l’opposition, pour ne pas dire de la haine, de ceux qu’on aime. Jérusalem ! Jérusalem ! (Math. 23;37).

  • Jérémie 12; 1-6 « Pourquoi les méchants prospèrent-ils ?» 

L’attitude hostile et moqueuse de ses concitoyens amène Jérémie à poser au Seigneur la question que tout croyant sincère et éprouvé soulève un jour : Pourquoi la vie des méchants est-elle une réussite (1)? (Sous- entendu pourquoi la mienne, à moi qui suis juste, ne l’est-elle pas ?) Pourquoi laisses-tu ces hommes faire souffrir le pays (4) ?

A cette question, Dieu ne répond pas directement, mais il annonce au prophète qu’il doit se préparer à voir et à affronter de plus grands malheurs (5). Sa part à lui, Jérémie, est faite dans ce monde de mépris et de l’incompréhension des hommes.

La vie de l’homme de Dieu ne se juge pas au critère de la réussite, mais à celui de la fidélité.

  • Jérémie 15; 10 et 18 « Pourquoi suis-je né ? »

Face à la continuelle et douloureuse opposition que rencontre son ministère, Jérémie en arrive à se demander s’il n’aurait pas mieux valu pour lui ne pas être né (10).

Il rappelle au Seigneur, qui connaît tout (15), ce qu’est sa vie : son amour de la parole de son Dieu (17), les moqueries dont il est l’objet, sa souffrance continuelle (18).

Dieu serait-il pour lui un sujet de déception ? Ne tiendrait-il pas les promesses de sa parole, lui qui assurait que serait heureux l’homme qui ne s’assiérait pas sur le banc des moqueurs (Ps 1;1) et qui cependant conduit Jérémie dans le malheur, bien qu’il obéisse à ce commandement (17) ?

Vertige qui saisit l’homme quand il se rend compte que ses rapports avec Dieu obéissent à une loi plus haute que celle de la simple rétribution d’une bonne conduite, que l’élection divine implique souvent un traitement spécial et mystérieux (Luc 22;42).

  • Jérémie 17; 14-18 « Je n’ai pas souhaité ce jour de malheur ! »

Jérémie avait annoncé le jugement de Dieu, mais la réalisation de la prophétie se faisait attendre, d’où les interrogations goguenardes de ses compatriotes (15). C’est pourquoi il demande au Seigneur de faire venir sur eux le jour du malheur prédit (18).

Cependant, il n’y a pas en lui de désir de vengeance personnelle. Il n’a pas souhaité le malheur de ce peuple qu’il aime (16). Il est simplement préoccupé de la gloire de Dieu.

Ce que Dieu a annoncé, qu’il le fasse se réaliser, afin que les hommes le reconnaissent pour vrai.

C’est le propre de l’homme de Dieu que d’être ainsi écartelé entre son amour pour Dieu et son amour pour les hommes.

  • Jérémie 18; 18-23 « Le mal sera-t-il rendu pour le bien ? »

Le complot contre Jérémie revient au premier plan. Des hommes pour qui le prophète a pourtant intercédé (20), non seulement rejettent sa parole (18), mais encore méditent sa perte (18), manifestant ainsi la plus noire ingratitude.

Ceci explique la dureté de la suite de la prière (21) qui est un appel à la justice de Dieu et non à sa miséricorde. Avec des accents semblables à ceux des « psaumes imprécatoires », elle demande au Seigneur le châtiment de l’ennemi. Remarquons toutefois que ces paroles dures ne manifestent pas autre chose que la reconnaissance par le prophète de la justice du châtiment annoncé par Dieu.

Jérémie, qui a toujours défendu son peuple « contre Dieu », reconnaît que ce dernier a totalement raison.

Nous touchons ici les limites de la comparaison entre le Prophète et le Seigneur. Sur la croix, Jésus pourra dire, devant ceux qui le bafouent : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ».

  • Jérémie 20;7-13 « Tu m’as séduit Éternel. Et je me suis laissé séduire. »

Jérémie a été séduit par Dieu (7). Il y a entre eux des liens d’amour. Il a été séduit et vaincu (7). Maintenant, quand il ouvre la bouche, il ne peut plus dire ce qu’il voudrait, mais il doit prononcer les paroles que son Seigneur lui inspire (8), paroles de violence et non de paix.

Mais cette séduction est volontaire. Le prophète s’est laissé séduire.

Qu’importe si ceux qui l’entourent l’observent pour voir s’il va broncher ! C’est en Dieu que Jérémie a mis sa confiance (11).

Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté !

  • Jérémie 20;14-18 « Maudit soit le jour où je suis né ! »

L’ancienne plainte revient sur les lèvres du prophète. Sa vie n’est que souffrance et douleur, pourquoi est-il né (18) ? Révolte passagère et compréhensible qui ne change pas la soumission habituelle à la volonté de Dieu.

Ces confessions nous font connaître ainsi un prophète très humain et sensible, écartelé, presque jusqu’à l’éclatement de son être, entre son amour pour un Dieu juste et son amour pour ses compatriotes coupables.

N’est-ce pas là, chez Jérémie, cette même souffrance que Paul connaîtra et à laquelle il ne voudra pas échapper parce qu’elle est communion « aux souffrances de Christ » (Phil.3; 10).


 

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