L’abaissement et l’élévation de Jésus

dépouillement©décembre 2018 – Albert Leclercq – L’abaissement et l’élévation de Jésus –

Dans cette période de Noël, laissons nos querelles de côté pour méditer sur le mystère de la venue de Jésus et tout spécialement sur ce passage qui nous parle du kénose de Jésus (mot grec traduit par « dépouillement »).

« Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu,  mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Phil 2 :5-11).

Déjà présente chez les Pères de l’Église, cette pensée a été reprise par les réformateurs. Elle ressort particulièrement de ce passage qui devait se présenter sous la forme d’un cantique, déjà à l’époque biblique. On y retrouve les grandes étapes de l’abaissement du Fils de Dieu qui existaient de toute éternité. C’est ce qu’on nomme la préexistence de Jésus. L’un plus bel exemple est cité par Jean 12.41 : « Ésaïe dit ces choses, lorsqu’il vit sa gloire, et qu’il parla de lui ». Jésus vivait déjà dans la gloire et sur le trône. C’est cette gloire que voit Ésaïe au chapitre 6.

 

  1. Les étapes de son dépouillement.

Le texte de Philippiens nous décrit en détails les étapes de son dépouillement, montrant ainsi le prix que Jésus à payer pour nos péchés et pour nous sauver de notre condition d’homme pécheur.

  1. Il existait en forme de Dieu. D’autres versets nous montre encore plus clairement qu’ « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu » (Jn 1.1). Non seulement sa préexistence est affirmée, mais aussi son égalité avec Dieu et qu’il était la forme extérieur d’un Dieu invisible. C’est donc une expression qui va se marquer dans l’incarnation. « Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. » (Jn 1.14)
  2. Il s’est dépouillé lui-même. (κενοω = kenoo en grec) « Il n’a pas regardé son égalité avec Dieu comme une proie à arraché » (v.6) ou « comme un butin à préserver » (S21). Ce verset nous montre que Jésus fait d’abord un acte de détachement de tout ce qu’il avait avant son incarnation. Il était bien mieux dans le ciel, dans sa condition éternelle, mais il ne pouvait pas rester seul. Sa gloire dépendait aussi de son sacrifice. Il accepte de tout abandonner… de se « dépouiller », se vider en quelque sorte de cette forme de Dieu. Il reste Dieu, mais laisse certains attributs de côté ; comme le fait d’être partout (omniprésence), ou le fait d’être le Tout Puissant (omnipotence), il accepte de venir faire la volonté du Père ; et le fait de tout savoir (omniscience). Ce dépouillement a été souvent mal compris par les détracteurs de la Trinité, qui ont déduit que Jésus ne pouvait être Dieu sans ces attributs, alors que ce texte nous parle qu’il s’est dépouillé de ceux-ci. Jésus reste Dieu, mais devint homme pour accomplir la volonté du Père et sauver l’humanité en mourant sur la croix !
  3. Il prend la condition d’un serviteur (traduit aussi par esclave = doulos). « en prenant une forme de serviteur » (v.6). On retrouve le même mot « forme » (morphé en grec), cela désigne la forme de ce que les gens ont pu voir : un serviteur qui sert son maître : le Père. Lui qui était un avec le Père lors de la création, et tout au long de l’histoire du peuple d’Israël, prend la forme d’un serviteur. C’est cette forme qu’on retrouve dans le verset qui dit : « et il se mit à laver les pieds des disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint ».(Jn 13,5). Le linge avec lequel il lave les pieds de ses disciples et les essuie, est la serviette des serviteurs à qui cette tâche était réservée (d’où le refus de Pierre de laisser Jésus se mettre en dessous de lui).
  4. Il prend forme humaine. « et ayant paru comme un simple homme » (v.7). C’est le mystère de son incarnation, de celui qui s’abaisse : « Jésus-Christ, qui pour vous s’est fait pauvre, de riche qu’il était, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis » (2 Cor 8.9). Il ne vient pas cette fois-ci comme celui qui fait trembler le Mont Sinaï, comme celui dont la sainteté poussera Ésaïe à la repentance ; comme le grand « Je suis » qui détruit l’armée de Pharaon. Il vient comme un simple enfant qui naît dans une mangeoire, loin des palais des rois. « il s’est humilié lui-même », et sa gloire n’apparaît pas en premier lui : « Il s’est élevé devant lui comme une faible plante, comme un rejeton qui sort d’une terre desséchée ; il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, et son aspect n’avait rien pour nous plaire. » (Es 53,2). Elle n’apparaîtra qu’à certaines personnes en des occasions spéciales, comme au mont de la transfiguration ou lorsqu’il calme la tempête, ou encore à la croix aux yeux du centurion. C’est comme si la gloire qui l’habite était cachée aux hommes aveugles qui l’entourent.
  5. Il accepte de mourir. « Se rendant obéissant jusqu’à la mort » (v.8). Jésus continue à se dépouiller en acceptant de mourir pour nos péchés. Lui qui existe de toute éternité et dont le trône est établi pour l’éternité : « Dieu a dit au Fils : Ton trône, ô Dieu, est éternel » (Héb 1,8), accepte de passer par la mort, la séparation totale avec son Père. Quelle humilité ! Quel abandon ! Quel sacrifice !
  6. Il accepte la mort de la Croix, « même jusqu’à la mort de la croix ». Mourir sur une croix n’était pas destiné au gens ordinaire, c’est la mort réservé au pire des malfaiteurs. Elle était réservée aux meurtriers. Lui le juste meurt sur une croix ! « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois » (Gal 3:13), il meurt afin que nous puissions être revêtu de sa sainteté.

 

  1. Les étapes de sa glorification.

Par la résurrection des morts, Jésus est maintenant amené dans la phase de l’élévation. Cette élévation est décrite avec des termes riches en détails.

  1. Dieu l’a élevé en souveraineté. Dieu l’a relevé des morts et « l’a souverainement élevé » (v.8), l’a placé sur le trône éternel avec une nouvelle dimension qu’il n’avait pas avant sa mort sur la croix, il est maintenant l’Agneau de Dieu. « Ils disaient d’une voix forte : L’agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire, et la louange ». (Apo 5:12). Sa nouvelle position est celle du souverain de tout l’univers. Il est au dessus de tout.
  2. Dieu lui donne le nom au-dessus de tout autre nom. Par cette élévation, Jésus reçoit le seul nom digne de louange, le seul nom qui siège dans les cieux. Non seulement, le nom de Jésus est le seul qui sauve : « Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Act 4.12), mais il sera le seul nom capable d’ouvrir le livre et les sept sceaux : « Et l’un des vieillards me dit : Ne pleure point ; voici, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux » (Ap 5.5). C’est le nom qui sera célébré toute l’éternité.
  3. Tout genou fléchira devant Jésus. Son nom est si élevé que tout ce qui se trouve sous et sur la terre, ainsi que tout ce qui est dans le ciel pliera le genou devant sa majesté. Le fait de plier le genou est une marque de soumission à l’autorité suprême de Jésus. Un orateur bien connu disait qu’il « fallait mieux plier le genou pour amour aujourd’hui que devoir le faire de manière forcée, comme les démons, avant d’être jeté dans le feu ». « Fléchissons le genou devant l’Éternel, notre créateur ! » (Ps 95.6).
  4. Toute langue confessera qu’il est Seigneur. Alors qu’aujourd’hui seul ceux qui lui appartiennent confessent sa Seigneurie et sa Souveraineté ; ce passage nous montre la finalité des choses ; lorsque toute langue confessera que Jésus-Christ est Seigneur de tout l’univers. Ses ennemis devront reconnaître sa suprématie : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied » (Ps110.1). Cherchons à connaître Dieu avant son jugement : « Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue » (Ap 14.7).
  5. A la gloire de Dieu le Père. « Donnez-lui gloire » (Ap 14.7). Et même l’élévation et la glorification de Jésus sont faites à la gloire de Dieu le Père. C’est la merveilleuse harmonie qu’on retrouve dans la Tri-unité. « Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même sera soumis à celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous » (1 Cor 15:28). Ce moment sera le sommet de l’œuvre de la rédemption lorsque le Fils se soumettra avec son Épouse au Père afin que Dieu soit tout en tous ! Gloire à Dieu !

©décembre 2018 – Albert Leclercq – L’abaissement et l’élévation de Jésus –

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