Samson, le premier Avenger ?

@26 mai 2019 – Albert Leclercq – Samson, le premier Avenger ?

L’histoire de Samson est une histoire très pertinente pour l’église d’aujourd’hui. Jamais l’église ne s’est trouvée dans un contexte qui met autant en avant la force physique et le développement de soi ! Certains prédicateurs conduisent ouvertement leurs auditoires à vivre une vie de puissance et mettent en avant des exemples de Héros de la foi, tel Samson le fut pour son temps.

Il est donc intéressant de regarder ensemble ce que la Bible enseigne sur Samson et quel type de Héros il est vraiment !

La situation du temps de Samson

« Les enfants d’Israël firent encore ce qui déplaît à l’Éternel ; et l’Éternel les livra entre les mains des Philistins, pendant quarante ans. » (Juges 13.1). La situation du livre des Juges est loin de la belle époque de Moïse et de Josué, où le peuple avait découvert la direction de Dieu au travers les deux grands leaders désignés par Dieu. Le pays connut une période de conquête et de croissance sous la direction de Dieu et la consécration du peuple à son Dieu. Mais une fois qu’on arrive dans le livre des Juges, on constate que le peuple a abandonné son Dieu ! La bénédiction s’est éloignée et Dieu est obligé de permettre que des épreuves arrivent pour que son peuple se tourne vers lui. C’est ce qui se passe dans le livre des Juges. A chaque fois que le peuple prie Dieu, Il leur envoie un « juge », un « libérateur » qui délivrera Israël de l’oppresseur.

De plus, le niveau spirituel de ce temps est en dessous de tout, il est caractérisé par ce verset : « En ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon. » (Juges 17:6). Le peuple ne suivait ni le leader désigné par Dieu, ni la Thora (la Parole de Dieu), ni les prophètes,… mais « chacun faisait ce qui lui semblait bon ». C’est l’anarchie spirituelle, la décadence. De plus le récit de Juges 13, où commence l’histoire de Samson, nous dit que cela fait maintenant 40 ans que le peuple est sous l’oppression des Philistins et que le peuple a perdu la foi en sa délivrance et qu’il ne prie même plus Dieu de lui envoyer un libérateur. C’est Dieu lui-même, dans sa grâce, qui prend l’initiative d’envoyer Samson les délivrer.

Le vœu de Naziréat !

« Un ange de l’Éternel apparut à la femme, et lui dit : Voici, tu es stérile, et tu n’as point d’enfants ; tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils. Maintenant prends bien garde, ne bois ni vin ni liqueur forte, et ne mange rien d’impur. Car tu vas devenir enceinte et tu enfanteras un fils. Le rasoir ne passera point sur sa tête, parce que cet enfant sera consacré à Dieu dès le ventre de sa mère ; et ce sera lui qui commencera à délivrer Israël de la main des Philistins. » (Juges 13:3-5). Le vœu de Naziréat était réservé à ceux qui désiraient se consacrer et se mettre à part pour l’Éternel. En plus d’une vie de prière, ils devaient se préserver de liqueur forte et de mets impurs. Leur signe extérieur était de ne pas couper leurs cheveux.

L’ange est envoyé vers la femme de Manoach pour lui annoncer la bonne nouvelle. Ce texte est aussi à méditer pour comprendre comment il considère la femme comme importante. Alors que le mari aimerait poser des questions à l’ange, il se présente une deuxième fois à sa femme qui appelle son mari. L’ange répète les mêmes paroles et pendant que Manoach offre un sacrifice, l’ange monte au ciel dans le feu du sacrifice. Manoach est bouleversé et a peur de mourir, mais son épouse a un raisonnement combien plus sage : « Alors Manoach comprit que c’était l’ange de l’Éternel, et il dit à sa femme : Nous allons mourir, car nous avons vu Dieu. Sa femme lui répondit : Si l’Éternel eût voulu nous faire mourir, il n’aurait pas pris de nos mains l’holocauste et l’offrande, il ne nous aurait pas fait voir tout cela, et il ne nous aurait pas maintenant fait entendre pareilles choses. » (Jug 13,21-23).

La force de Samson !

« La femme enfanta un fils, et lui donna le nom de Samson. L’enfant grandit, et l’Éternel le bénit. Et l’Esprit de l’Éternel commença à l’agiter à Machané-Dan, entre Tsorea et Eschthaol. » (Jug 13,24-26)

Les chapitres suivant vont démontrer la force de Samson. Elle se marque par sa consécration, son vœu de Naziréat, et permet à l’Esprit de Dieu de le saisir pour accomplir des tâches qui nécessitent une force surhumaine. Le tout devait s’accomplir dans l’obéissance à la voix de Dieu. On peut relever certains de ses exploits :

• Samson déchire un lion : « L’Esprit de l’Éternel saisit Samson ; et, sans avoir rien à la main, Samson déchira le lion comme on déchire un chevreau. » (14.6).
• Il met le feu aux champs des Philistins en attrapant 300 renards (ou charognards selon la traduction) et en les mettant deux à deux et en mettant le feu à leur queue. Déjà pour en attraper un ce n’est pas si simple…, « Samson s’en alla. Il attrapa trois cents renards, et prit des flambeaux ; puis il tourna queue contre queue, et mit un flambeau entre deux queues, au milieu. » (15.4)
• Il se dégage à chaque fois des soldats malgré les divers liens auxquels on le soumet, il est intraitable avec eux !
• Avec une mâchoire d’âne, il frappe et tue 1000 soldats philistins, « Il trouva une mâchoire d’âne fraîche, il étendit sa main pour la prendre, et il en tua mille hommes. » (15.15)
• Il ramène 30 chemises et 30 vêtements de rechange, comme prix de son énigme : « L’Esprit de l’Éternel le saisit, et il descendit à Askalon. Il y tua trente hommes, prit leurs dépouilles, et donna les vêtements de rechange à ceux qui avaient expliqué l’énigme. Il était enflammé de colère, et il monta à la maison de son père. » (14.19)
• Il soulève la porte de la ville de Gaza et la porte sur le sommet de la montagne. « Vers minuit, il se leva ; et il saisit les battants de la porte de la ville et les deux poteaux, les arracha avec la barre, les mit sur ses épaules, et les porta sur le sommet de la montagne qui est en face d’Hébron. » (16.3)
• Il détruit le temple de Dagon en s’appuyant sur les colonnes du temple. « Samson dit : Que je meure avec les Philistins ! Il se pencha fortement, et la maison tomba sur les princes et sur tout le peuple qui y était. Ceux qu’il fit périr à sa mort furent plus nombreux que ceux qu’il avait tués pendant sa vie. » (16.30).

La faiblesse de Samson :

Malheureusement, Samson est l’exemple type du croyant sensuel et charnel qui correspond bien à la description de Jean lorsqu’il parle des gens du monde : « car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde. » (1 Jean 2:16)

• La convoitise des yeux (qu’on lui crèvera d’ailleurs). Lui qui a fait vœu de s’abstenir de certaines nourritures, ne peut s’empêcher de convoiter les prostituées philistines.
• La convoitise de la chair. Samson a une grande faiblesse morale. C’est un homme profondément sensuel qui recherche le plaisir plus que Dieu.
• L’orgueil de la vie. Dans sa fierté, il croyait que Dieu ne le quitterait jamais, il découvrira que Dieu s’est retiré de Lui avec grande tristesse ; comme si l’onction était quelque chose d’acquis une fois pour toute. On remarque que tout le récit est exclusivement tourné vers sa personne et ses exploits et très peu sur la grandeur de Dieu.

Que manquait-il à Samson ?

• Une véritable repentance : En étudiant les deux prières de Samson, il y a peu de place pour la repentance. La première est dictée par son besoin de boire après sa victoire contre les 1000 soldats philistins, et sa deuxième prière est la plus connu, alors qu’il vient d’être humilié, il prie d’une manière exemplaire.
• Une véritable rencontre avec son Dieu : Alors que sa mère a porté cet enfant dans la prière, Samson semble passé à côté d’une rencontre profonde avec son Dieu, il prie uniquement dans les moments de grands besoins.
• Il avait un appel, mais ne voulait pas en payer le prix ! Comme il ne veut rien offrir à Dieu, il se verra se faire dépouiller de tout ce qu’il avait, ses yeux en plus !
• Il ne laisse pas sa vie être dirigée par les Écritures. Alors que dans le livre de Josué, l’attachement aux Écrits semblait indispensable à Josué : « Que ce livre de la loi ne s’éloigne point de ta bouche ; médite-le jour et nuit, pour agir fidèlement selon tout ce qui y est écrit ; car c’est alors que tu auras du succès dans tes entreprises, c’est alors que tu réussiras. » (Jos 1.8)
• Du discernement : Sa force le pousse à croire qu’il est invulnérable et qu’il n’a pas besoin de sagesse et de discernement pour faire la volonté de Dieu. Il manque donc totalement de vigilance et sera pris aux pièges de ses besoins sexuels primaires.
• On ne trouve pas de crainte de l’Éternel : qui est le commencement de la sagesse (Prov. 9.10) « Le commencement de la sagesse, c’est la crainte de l’Éternel »
• Il ne se confie pas en Dieu : Il se venge ! « Je tire vengeance (« Avenger » en anglais) des Philistins pour mes deux yeux ! » (16.28). C’est sa rage qui le dirige, et non sa soumission à Dieu. La foi de Samson est complètement absente de sa vie. Il est le type de celui qui a reçu beaucoup, mais il l’utilise pour lui, pour se venger et vivre même dans le péché ! « La colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. » (Jc 1.20)

Les similitudes avec Jésus !

Malgré le sombre tableau qui j’ai peint sur Samson, il est bon de se rappeler qu’il existe plusieurs similitudes entre la vie de Jésus et celle de Samson. Sans pour autant dire qu’ils se ressemblent et que Samson nous prépare à mieux comprendre Jésus. Ces similitudes existent et sont comme des allusions faites à Celui qui viendra délivrer l’homme de tous ces adversaires.

• Il y a des promesses claires les désignant comme libérateur du peuple,
• Son onction montrait qu’il venait de Dieu,
• Il sera livré par son peuple, les habitants de la région de Lechi, qui ne le reçurent pas,  et lui reprocheront son attitude : « Que nous as-tu fait ? » (15.11)
• Il accepte de se rendre à l’ennemi sans résister, pour que le peuple ne soit pas détruit
• Par sa mort il sauve son peuple : Dans une dernière prière il fait tomber le temple de Dagon et tue des milliers de Philistins !

L’exemple de Paul !

Une autre question apparaît lorsque nous envions ce Super Héros pour sa force remarquable. Est-ce vraiment un don que le Seigneur voudrait nous donner ou est-ce une exception dans ce temps des Juges ? A situation exceptionnelle, remède exceptionnel !

Si nous comparons la vie de Samson et celle de Paul, l’écart est d’autant plus frappant. L’apôtre Paul va tenir sa faiblesse en haute estime et sa force ne viendra en aucune manière de lui-même. Paul, qui a affronté des périls en grands nombres, ne joue pas au héros, il est capable de se cacher, de s’enfuir sur une corbeille le long des remparts de la ville dont les habitants le rejettent. Il nous laisse un verset où il exprime qu’il se plait dans ses faiblesses, « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour Christ ; car, quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. » (2 Cor 12.9-10).

De plus Paul nous demande d’être ses imitateurs, dans sa foi, mais aussi dans sa vie morale. Paul explique clairement que tout disciple est saint et a fait vœu de naziréat en étant mort à lui-même et ses passions. Il ne se prive non plus d’aliments impurs, mais de toutes les convoitises qui lui font la guerre. ça c’est le vrai jeûne !

Et la grâce de Dieu dans cette histoire ?

C’est en effet le sujet qui m’a le plus interpellé dans ce récit. En y pensant bien, Samson n’est pas le modèle que nous devons imiter pour nos vies. Nous avons Jésus qui suffit à tous égards !

Et pourtant, comment comprendre ce récit, si nous enlevons la notion de la grâce de Dieu. Même en allant chercher une femme chez les Philistins, ce qui était contraire à la loi et aux prophètes, il est dit : « Son père et sa mère ne savaient pas que cela venait de l’Éternel : car Samson cherchait une occasion de dispute de la part des Philistins. En ce temps-là, les Philistins dominaient sur Israël. » (14,4). Mais cela ne s’arrête pas là ! Il est trompé par deux fois et trahi par les femmes qu’il aimera, il n’acquière que peu d’expérience, il s’enfonce dans sa sensualité.

Mais pour Dieu, il y a toujours un espoir. On retrouve Samson dans la liste des Héros de la foi (Héb 11.32). Et alors qu’il s’est éteint spirituellement et qu’il a dilapidé toutes les bénédictions reçues, il a le courage de se tourner vers Dieu. « Et parce que tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu » (Apo 3.17). Samson sait maintenant qu’il n’est plus rien ! Il se repent et prie (Juges 16.38). Il est près à mourir pour son Dieu : «  Que je  meure avec les Philistins »

Il finit tragiquement, comme un vrai Avenger « Alors Samson invoqua l’Éternel, et dit : Seigneur Éternel ! Souviens-toi de moi, je te prie ; ô Dieu ! Donne-moi de la force seulement cette fois, et que d’un seul coup je tire vengeance des Philistins pour mes deux yeux ! Samson dit : Que je meure avec les Philistins ! Il se pencha fortement, et la maison tomba sur les princes et sur tout le peuple qui y était. Ceux qu’il fit périr à sa mort furent plus nombreux que ceux qu’il avait tués pendant sa vie.» (16.28-29)

Conclusion

Et c’est là que malgré toutes les erreurs commises par Samson, il parvient à accomplir le dessein de Dieu de détruire l’élite des philistins et le temple de Dagon. C’est peut-être pour cela que ce récit est aussi une lettre pour l’église aujourd’hui : un appel à ne pas être simplement un objet de sa souveraineté, qui finira bien par manifester son dessein dans nos vies, mais un appel à revenir à lui et à être à son écoute pour être l’église remplie du Saint-Esprit, qui nous donnera sa puissance pour que nous soyons des témoins de son amour et de sa puissance qui se manifeste dans notre faiblesse, comme pour Paul !

---

@26 mai 2019 – Albert Leclercq – Samson, le premier Avenger ?

Télécharger en format pdf : Samson, premier Avenger