La Bible interdit-elle l’alcool ?

enivrez pas©Albert Leclercq – Question – juillet 2018 – Usage de l’alcool –

La Bible interdit-elle les boissons alcoolisées à ceux qui ont cru ?

Voilà une question difficile ! Certains lecteurs ont déjà leur réponse. Je pense aux américains où les partisans de l’abstinence sont très nombreux. Dans un pays ravagé par les méfaits de l’alcool, les autorités ont même fait élire des lois contre l’usage de l’alcool et les chrétiens évangéliques étaient très impliqués dans cet effort. Pour eux un vrai chrétien ne boit pas d’alcool. D’un autre côté, en France, le pays d’où vient la culture du vin, et où on a l’habitude de boire un verre de vin avec le repas principal, peu de chrétiens ont des réticences par rapport à la consommation modérée d’alcool.

Mais que dire ? La Bible a-t-elle une ordonnance claire par rapport à l’alcool ?

  • La première mention de l’usage du « vin » se trouve en Gen 9:21 : « Noé but du vin, s’enivra, et se découvrit au milieu de sa tente. » Nous savons que son attitude allait provoquer le dédain de Cham et la malédiction qui en suivra. La première chose à dire donc, c’est que la consommation de l’alcool à un certain degré provoque l’effondrement de nos réserves (la désinhibition) qui protègent l’homme de tomber dans le péché en se livrant à un spectacle dégradant.
  • La deuxième mention se trouve dans l’histoire de Lot en Gen 19 :32  où ses filles disent « Viens, faisons boire du vin à notre père, et couchons avec lui, afin que nous conservions la race de notre père. » Là encore, l’abus d’alcool mène au péché, dans ce cas  à l’inceste.
  • Malgré cela, nous ne trouvons pas dans ce premier livre de la Bible une interdiction de boire. Dans la bénédiction qu’Ésaü reçoit de son père, il lui dit en Gen 27:28 « Que Dieu te donne de la rosée du ciel et de la graisse de la terre, du blé et du vin en abondance ! »
  • Lorsque la loi est donnée à Moïse, elle contient des restriction au niveau de la consommation de vin qui touche particulièrement Aaron et ses fils en Lév 10 :8-9 « L’Éternel parla à Aaron, et dit: Tu ne boiras ni vin, ni boisson enivrante, toi et tes fils avec toi, lorsque vous entrerez dans la tente d’assignation, de peur que vous ne mouriez : ce sera une loi perpétuelle parmi vos descendants, ».  Là encore l’interdiction n’est pas donnée à tout le peuple, mais seulement à Aaron le souverain sacrificateur et à ses fils, et ce durant le service dans la tente d’assignation.
  • On peut aussi dire que certaines personnes faisaient un vœux (de nazaréen) où ils s’engageaient à ne pas consommer de vin. C’était le fruit d’une consécration qu’ils ne se permettaient pas d’imposer aux autres. Dans le cas de Samson en Jug 13.7, c’est Dieu qui impose la règle dès avant la naissance à son père. Je tiens aussi à rappeler que Canaan était le pays connu pour ses vignes dont les espions de Josué avaient rapporté des échantillons, d’où l’expression qu’on retrouve en 2 Rois 18 : 32 « dans un pays de blé et de vin, »
  • Dans le livre d’Esther, lorsque le Roi Assuérus offre un grande faite, il est dit tout spécialement : « On servait à boire dans des vases d’or, de différentes espèces, et il y avait abondance de vin royal, grâce à la libéralité du roi. Mais on ne forçait personne à boire, car le roi avait ordonné à tous les gens de sa maison de se conformer à la volonté de chacun. » Esth 1 :7-8.
  • C’est dans le livre des Proverbes qu’on trouve les recommandations les plus clairs : « Le vin est moqueur, les boissons fortes sont tumultueuses ; Quiconque en fait excès n’est pas sage ». (20 :1) ; «  Ne sois pas parmi les buveurs de vin, Parmi ceux qui font excès des viandes » (23 :20).
  • Dans le livre des prophètes, c’est Ésaïe qui foudroie le plus ceux qui aiment l’excès du vin (Ésaïe 5:22) « Malheur à ceux qui ont de la bravoure pour boire du vin, Et de la vaillance pour mêler des liqueurs fortes ».

Passons maintenant au Nouveau Testament

  • Le premier passage qui parle du prophète Jean nous mentionne en Luc 1:15 « Car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira ni vin, ni liqueur enivrante, et il sera rempli de l’Esprit-Saint dès le sein de sa mère ».
  • On connaît les passages où Jésus est impliqué dans des récits où le vin est mentionné. Le plus célèbre est sans aucun doute le premier miracle de Jésus à Cana (Jn 2), où il change l’eau de plusieurs grandes jarres d’eau en vin. Le maître de table va même le trouver excellent.
  • Jésus cite plusieurs paraboles en relation avec le vin, tout particulièrement la parabole du vin nouveau dans les outres nouvelles (Luc 5:38), et en reprenant le symbole de la vigne comme celui du peuple de Dieu. De plus l’une des déclarations du « JE SUIS », mentionne le fait que Jésus est « le cep » et son Père est le vigneron. De plus, lors de la dernière cène, on le voit prendre les coupes traditionnelles de la fête de Pâque qui contenaient du vin.
  • L’apôtre Paul mettra les chrétiens d’Éphèse en garde contre l’abus du vin. « Ne vous enivrez pas de vin : c’est de la débauche. Au contraire soyez remplis de l’Esprit de Dieu » (Eph  5:18). Là encore, Paul ne donne pas une obligation absolue, mais il s’attaque à l’abus d’alcool et à ceux qui s’enivrent. La preuve c’est qu’il va encourager Timothée de consommer un peu de vin pour ces qualités thérapeutiques (aide à la digestion) « Ne continue pas à ne boire que de l’eau ; mais fais usage d’un peu de vin, à cause de ton estomac et de tes fréquentes indispositions » (1 Tim 5:23).
  • Paul donnera encore des recommandations à suivre pour se choisir les anciens. « il faut que l’évêque soit irréprochable, comme économe de Dieu ; qu’il ne soit ni arrogant, ni colérique, ni adonné au vin, ni violent, ni porté à un gain déshonnête » (Tit 1 :7) .

Je ne pourrais pas finir la liste sans mentionner le verset qui nous encourage de pratiquer la loi du plus faible. En effet si tu es une occasion de chute en mangeant un aliment ou en buvant une boisson, il est mieux de ne pas manger ou boire la chose en question. « Pour un aliment, ne détruis pas l’œuvre de Dieu. A la vérité toutes choses sont pures ; mais il est mal à l’homme, quand il mange, de devenir une pierre d’achoppement.  Il est bien de ne pas manger de viande, de ne pas boire de vin, et de s’abstenir de ce qui peut être pour ton frère une occasion de chute, de scandale ou de faiblesse. » (Rom 14 :20-21)

En conclusion, nous voyons que l’usage de l’alcool peut devenir problématique et que ce n’est ni la loi, ni les prophètes qui peuvent nous aider à trouver une ligne à ne pas franchir pour dire que nous tombons dans le mauvais usage de l’alcool. Nous ne trouvons pas d’interdiction formelle à boire ou ne pas boire de l’alcool, seul l’abus est dénoncé car c’est cela qui nous ouvre la porte vers la pratique du péché et vers la dépendance (addiction).

Cette question fait partie de la responsabilité personnelle (ou de groupe) de pouvoir gérer l’absorption d’alcool ou pas.

Il est donc normal que les responsables mettent en garde contre la pratique de boire de l’alcool, notamment envers des jeunes convertis qui ont besoin d’être éloigné des tentations. Il est aussi normal que certains mouvements d’église aient pris la décision de ne pas permettre à leurs membres de boire des boissons alcoolisées, même si l’interdiction n’est pas clairement écrite.

Voici les conseils que je donnerai pour gérer cette liberté que nous avons en Jésus. Je ne bois pas d’alcool si :

  • Si j’ai connu des problèmes d’alcoolisme avant ma conversion, il est bon de me donner la discipline de ne prendre aucune boisson à base d’alcool. J’ai connu un chrétien qui était alcoolique avant sa conversion, il n’a plus bu un verre d’alcool après avoir donné sa vie à Jésus.
  • Si j’ai un problème de dépendance qui fait que je veux prendre un verre pour combler un problème, je prends la décision de ne pas en prendre durant un certain temps.
  • Si je suis dans une église (ou invité  dans cette église) qui a pris la décision que ces membres doivent être abstinent, je ne toucherai pas à l’alcool.
  • Si j’invite un frère qui se bat contre ce problème, je me priverai de boire de l’alcool.
  • Si pour un verre je suis une occasion de chute, je dis non à la proposition de boire le verre.
  • Si je vis dans une culture ou la consommation d’alcool porte atteinte à l’évangile, il va de soi que je vais m’en priver. N’oublions pas le principe du « bon témoignage » à rendre envers les gens de l’extérieur.
  • Si j’ai fait un vœu au Seigneur de ne pas boire, je m’y tiens !
  • Si je dois exercer une responsabilité spirituelle, où être prêt à témoigner, je me garderai de boire de l’alcool.
  • Si ce n’est pas une conviction reçue, car « Tout ce qui n’est pas le produit d’une conviction est péché. » (Rom 14 :23)

Par contre, je me garderai de juger et de répandre une calomnie si je vois un frère boire un verre. Il se peut que sa conscience lui permette de boire. Il est en droit d’user de cette liberté nouvelle. Je me garderai de dire qu’il a dépassé la limite de consommation en le taxant d’ivrogne. Si un responsable doit être repris, ce sera toujours sur le témoignage de plusieurs et non dans le but de le punir, mais de l’aider à prendre ses responsabilité.

Que Dieu nous aide à prendre les bonnes décisions et à être des témoins de Jésus !

Pasteur Albert – juillet 2018


 

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